Mercedes Domingue, Échos, Montréal, octobre 2013
Au travers nos diverses réflexions sociétales, on n'hésite pas à condamner nos représentants, élus démocratiquement, quand sont prises des décisions nous concernant, mais qui ne nous plaisent toutefois pas, que ce soit au niveau scolaire, municipal ou gouvernemental, ou par rapport à des sociétés d’État ou parapubliques comme la FTQ, Hydro-Québec, la Caisse de dépôt et de placement du Québec, etc.
Il s’agit là d’un phénomène tout à fait légitime et sain dans une société démocratique. Là où le bât blesse, c’est quand des organismes dits représentatifs prennent parole et position sans même avoir reçu l’aval de leur base ni consulté leurs membres au préalable. C’est le cas du Conseil du statut de la femme en ce qui a trait au projet de charte identitaire mis de l’avant par le PQ. La présidente se dit outrée par les quatre «nominations partisanes» effectuées au sein de son organisme par le gouvernement, toutes des femmes favorables à la Charte que propose le gouvernement.
Il convient à cet effet de se rappeler que le Conseil du statut de la femme avait lui-même approuvé l’interdiction dans les institutions publiques de tout signe ou symbole religieux ostentatoire, en accord avec les principes de notre société laïque, et que c’est d’autre part la prérogative du gouvernement que de décider des nominations.
Et voilà que l’opposition officielle a fait de ces nominations son cheval de bataille et que l’ancienne ministre de la Culture, Christine Saint-Pierre, harcèle le gouvernement Marois à ce sujet, l’accusant d’avoir imposé des nominations partisanes de personnes favorables à la Charte. Elle oublie qu’elle-même pendant son mandat avait en 2011 chassé la présidente d’alors pour la remplacer par son ancienne collègue de Radio-Canada, Mme Miville-Deschênes.
Par leurs déclarations et leurs prises de position socio-économico-politiques, les directions d’organismes parapublics laissent ainsi croire que ce sont là des décisions prises par les membres qu’ils disent représenter alors que ce n’est pas le cas. Il s’agit plutôt d’individualisme et d’un mode de pensée quasi autoritaire, alors que ces dirigeants se servent de leurs fonctions pour véhiculer une opinion qui leur est personnelle, mais qui est loin d’être le fruit d’une réflexion concertée avec leurs membres.