Projet de Chartre de vie nocturne : Nightlife montréalais

Samuel Larochelle, Échos, Montréal, octobre 2013

Depuis les années 30, Montréal entretient sa réputation de ville du plaisir. Au cours des dernières années, certains intervenants ont suggéré que la Ville se dote de la première charte de vie nocturne en Amérique du Nord afin de conserver et d’améliorer la force de son nightlife. Aujourd’hui, il est temps selon eux de passer à l’action.

En 2011, 32% des touristes internationaux ayant visité Montréal ont fréquenté un bar ou une discothèque lors de leur passage. Il s’agit de la proportion la plus importante parmi toutes les grandes villes canadiennes. En février 2013, l’agglomération de Montréal comptait 660 bars, soit 1,3 bar par kilomètre carré. L’attrait des nuits montréalaises demeure indéniable. «En plus de profiter d’une offre culturelle très variée, les gens ont accès aux bars et aux discothèques beaucoup plus facilement qu’à Paris, Barcelone ou New York, soutient Pierre Bellerose, porte-parole de Tourisme Montréal. À part quelques exceptions, on n’a pas besoin de connaître quelqu’un ou d’être habillé d’une certaine façon pour entrer dans un établissement ici.»

Pour conserver sa réputation de plaisir et de simplicité, Montréal devra, comme toutes les grandes villes du monde, gérer les problèmes de cohabitation avec les citoyens dérangés par le bruit et les fêtards. La situation préoccupe l’Association des sociétés de développement commercial de Montréal (ASDCM) depuis des années. «Quand le gouvernement a banni la cigarette des établissements, il n’a pas prévu que les clients des restaurants et des bars sortiraient fumer dans les quartiers résidentiels où ils se trouvent, explique Mike Parente, président de l’ASDCM. Sur l’avenue Mont-Royal, en 2011, une campagne de sensibilisation a été mise sur pied pour rappeler aux gens de ne pas être trop bruyants. À partir de ce moment-là, on a commencé à parler de la Charte.»

 

La fête dans le calme

 

Selon Mike Parente, la Charte n’aurait rien d’une loi. «On aimerait tenir des consultations publiques où écouter les besoins des citoyens, d’une part, et des tenanciers de bars et de restaurants, d’autre part. On pourrait alors évaluer l’idée d’une campagne de sensibilisation dans certains secteurs (affichage sur les panneaux d’autobus, à l’extérieur des commerces ou dans les toilettes) ou celle d’avoir des agents de liaison qui rappelleraient aux gens de se tenir tranquilles et de ne pas oublier les résidents. Le but est que Montréal demeure une ville festive, mais que tout le monde y trouve son compte.»

Le porte-parole de Tourisme Montréal est lui aussi convaincu qu’il faut se pencher sur la question. «On ne peut pas maintenir un nightlife diversifié et durable sans se questionner sur les besoins des citoyens qui évoluent, lance Pierre Bellerose. Les commerçants et les résidents doivent dialoguer pour maintenir la ville vibrante. Il faut dégager des principes sur lesquels on s’entend.»

 

Vente d’alcool 24h sur 24

 

En plus de protéger les acquis du nightlife montréalais, l’ASDCM espère l’améliorer en s’inspirant de ce qui se fait à l’étranger. À Barcelone, depuis 2005, les heures d’ouverture et de fermeture des commerces sont libres du lundi au samedi. À Miami, Memphis, la Nouvelle-Orléans et Las Vegas, la vente d’alcool est permise 24 heures sur 24. Dans l’État de New York, la dernière tournée (last call) est fixée à 4 heures du matin. Plusieurs villes étrangères optent également pour une autorisation d’ouverture des bars 24 h sur 24. Cette mesure permet de réduire les nuisances générées par une fermeture uniforme des bars à 23 h et ainsi d’éviter la concentration des noctambules dans les rues.

«En ce qui concerne la fermeture des bars à heure fixe, on remarque que les clients boivent rapidement et que plusieurs personnes se retrouvent en même temps sur la rue, éméchées, faisant du bruit ou du brasse-camarade, note M. Bellerose. Afin d’éviter ça, on pourrait envisager de limiter la vente d’alcool à 3 h du matin, avec une fermeture des bars plus tardive, pour que les clients aient le temps de dégriser et de quitter l’endroit graduellement, plus silencieusement. Il faut prendre le temps d’étudier attentivement les différentes options.»

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