Chronique agricole

Linda Shattuck, L’Image de Bury, Bury, octobre 2013

Je crois que fermiers et jardiniers sont d’accord pour dire que l’été passé n’était pas idéal. Les jardiniers se plaignaient de l’état de leurs tomates et courges alors que les fermiers avaient des difficultés à faire les foins sans qu’il pleuve. Et nous voilà déjà en automne. Jusqu’à maintenant l’automne est très beau : les jours sont chauds et nous avons été bénis par la présence d’un glorieux soleil jour après jour. Se sauvant de l’hiver, les outardes passent chaque jour. J’adore les entendre jacasser entre elles alors qu’elles volent dans le ciel.

Il est difficile de mettre un prix sur les veaux, car le grain n’est toujours pas engrangé et ceci a un effet direct sur les prix : plus les prix des grains sont élevés, moins les prix des veaux sont bons pour le producteur. Les acériculteurs font face à une baisse de quotas à cause de gros surplus à la suite de la super récolte du printemps dernier. Le fait que nos voisins (les É.-U., l’Ontario et le Nouveau-Brunswick) augmentent leur capacité de production alors que nous entreposons notre sirop pour garder les prix élevés n’aide pas nos producteurs québécois. Tant que nous garderons nos prix élevés, plus il y aura de sirop produit ailleurs.

C’était l’été des grands manques. Je n’ai vu qu’un seul papillon monarque et il y avait très peu d’hirondelles dans nos granges et aucun goglu chantant dans nos champs derrière la maison. Nous n’avions qu’une paire de merles d’Amérique nichant dans la cour alors que normalement nous en avons plusieurs en compétition pour les vers dans la pelouse. Il est très dérangeant de constater ces changements et douter de nos pratiques agricoles et ses empiètements sur l’habitat. Devant cette situation, nous semblons tous impuissants.

Certains jours sur une ferme, il y a plus d’agitation qu’on en souhaite. Cet été le taureau est revenu boitant à la ferme. Évidemment que nous n’allons pas vers l’animal pour examiner la patte, il nous faut plutôt deviner la cause. Habituellement, l’été, c’est un cas de la maladie du sabot (piétin). Cela arrive lorsqu’il y a une fissure dans le coussin du sabot, laissant entrer les bactéries. C’est normalement facile à traiter, cependant un taureau pèse plus de 2 000 lb. Administrer des antibiotiques à des animaux si gros implique plusieurs injections, ce qui est très peu apprécié de ceux-ci. J’admets que j’ai peur des taureaux, donc je planifie ma stratégie soigneusement. Dans ce cas-ci, j’ai ramené la moitié du troupeau, pour en séparer le taureau pour le laisser aux bons soins du donneur d’injections, alors que je suivais le tout de loin. Un très bon plan. Au même moment, un veau revenait avec ce qui semblait un cas encore pire que la maladie du sabot. Un morceau de vieille broche s’était enroulé autour de sa patte, la coupant profondément (une autre bonne raison de rapailler nos vieilles clôtures de broche). Heureusement que ses tendons n’étaient pas affectés, nous avons donc nettoyé la plaie et administré les antibiotiques, puis nous avons renvoyé le troupeau au champ. Les deux se portent bien, dieu merci, et le calme est revenu dans notre champ.

Célébrons un long et bel automne qui nous fasse oublier ce qui s’en vient.

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