SunTrotteuse au Kazakhstan

Sylvain Bérubé, Entrée libre, Sherbrooke, septembre 2013

Du 15 juin au 3 septembre 2013, Anick-Marie Bouchard, alias la SunTrotteuse, s’est offert le Sun Trip, un rallye en vélos solaires sur plus de 8000 kilomètres entre la France et le Kazakstan. Entretien avec une rêveuse néo-nomade.

[SB] Qu’est-ce qui t’a motivé à joindre le Sun Trip?

[AMB] C’est Florian, directeur du projet, qui m’a approché via le web pour prendre part à l’aventure. J’ai d’abord refusé : pas assez sportive pour un tel périple! Mais à cette époque j’étais malade et j’ai vu en ce défi une opportunité de remise en forme. Puis ce genre d’expérience s’ajoute bien à un porte-folio professionnel pour une conférencière et écrivaine spécialisée dans le voyage solo alternatif.

[SB] À quoi a ressemblé ta préparation?

[AMB] Au niveau physique, entraînement au gym et vélo sur route. Malgré les efforts, j’avoue qu’à la ligne de départ, ma condition physique n’était pas celle que je voulais, alors j’ai dû faire avec celle que j’avais. Pour régler les aspects financier, technique et logistique, je me suis entouré de monde de confiance.

 

80 jours à vélo

 

[SB] Quels furent les plus grands défis rencontrés en cours de route?

[AMB] Un bris matériel majeur vers le trois millième kilomètre m’a forcé à l’arrêt complet une dizaine de jours, avec tout ce que ça implique de réajustement logistique. Durant cette période, j’ai dû accepter que peut-être il faudrait poser le vélo.

Également je m’étais donné pour objectif de remporter le concours du meilleur blogueur du Sun Trip, ce qui impliquait d’écrire au quotidien mon récit de voyage. Mais au début je n’y arrivais pas et je m’en voulais d’être en retard de ce côté. Car il faut le dire, j’accordais beaucoup plus d’importance à cet aspect humaniste du rallye qu’à la performance physique. J’ai réalisé en cours de soute que j’ai besoin d’une période d’incubation entre le vécu et l’écriture, d’avoir une certaine distance. J’ai dû m’adapter.

Autrement, certaines routes étaient techniquement très difficiles : entre Tuapse et Sotchi en Russie, l’expression « montagnes russes » a pris tout son sens pour moi. La traversée des tunnels demandait une attention particulière afin d’assurer ma sécurité. Puis il y avait le climat à gérer : les vents de face, de côté aussi, et la chaleur accablante par moment.

[SB] En quoi ce voyage diffère-t-il de tes autres expériences de voyage en solitaire?

[AMB] Je n’étais pas seule : Hoopi, mon vélo solaire, m’accompagnait en tout temps. Et je devais toujours penser en fonction de nous deux, d’abord pour assurer notre sécurité, puis pour bien gérer nos réserves d’énergies.

Aussi, en vélo, la route est beaucoup plus près que lorsqu’on voyage sur le pouce ou en autobus. La relation à la route est alors différente, un peu comme lorsqu’on marche nu pied et que l’on sent la granularité du sol. Et cette lente progression permet de mieux apprécier les changements subtils de la faune et de la flore.

[SB] Quelles furent tes plus belles découvertes?

[AMB] J’ai découvert l’hébergement spontané chez l’étranger, le plaisir de recevoir d’inconnus. Vu l’instantanéité de la rencontre, on se retrouve complètement dans le moment présent. C’est un moment de grande humilité, où j’éprouvais une grande admiration face à la générosité humaine.

[SB] Qu’est-ce qui t’attend maintenant?

[AMB] Le Sun Trip n’est pas terminé pour moi car il me reste des choses à écrire, dont un épilogue en Ukraine. Ensuite je m’offre des vacances. Le retour au Québec est pour décembre, avec des possibilités de conférences.

En route j’ai traîné avec moi le carnet des rêveurs, lequel recense les rêves de personnes rencontrés. Je ressens un devoir, en tant que rêveuse qui réalise des rêves, de partager, de faire rêver, d’inspirer et je sens que ce « travail » est loin d’être terminé. Je suis fière d’avoir été à la hauteur des attentes et espoirs de mes rêveurs, et d’avoir su demander de l’aide pour aller jusqu’au bout !
 

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