L’Abitibi vu par … Godard, Miron et trois gars d’la place!

Astrid Barrette-Tessier, L’Indice bohémien, Rouyn-Noranda, octobre 2013

C’est l’histoire d’un ti-gars qui fait la garde partagée entre ses parents. L’un vivant à Noranda, à côté d’Éric Morin, et l’autre à Rouyn, à côté de Dominic Leclerc. Ce ti-gars, il se prénomme Alexandre Castonguay, aujourd’hui il est comédien et ses amis sont cinéastes. Cette année, ces deux réalisateurs présentent en primeur au FCIAT leur premier long-métrage mettant en vedette le gars d’à côté.

La Chasse au Godard d’Abbittibbi, du réalisateur Éric Morin, ouvrira le 32e FCIAT. La genèse du projet, Morin l’a eue lorsqu’il étudiait en cinéma à Concordia. En même temps qu’il découvrait la nouvelle vague, il vivait un déracinement avec sa région natale. Il apprenait du même coup que le célèbre Godard avait frôlé le sol abitibien.

Outre l’esthétisme léché du film et les cartes postales arrivées des années 60, vous serez séduits par Marie, personnage incarné par la talentueuse Sophie Desmarais, et par Michel, joué par un fougueux Alexandre Castonguay. Ils forment un duo fusionnel, représentation dichotomique du réalisateur. Marie incarne l’exil tandis que Michel vient faire le contrepoint, l’enracinement à la région.

Même si le film se déroule en 1968, il n’a pas la prétention d’être un film historique puisque le réalisateur a fait des choix anachroniques. Morin voulait créer un espace nostalgique et mettre en image ses souvenirs d’enfance. « Je ne prétends pas faire revivre l’Abitibi de ce temps-là, c’est une vision fantasmagorique de ce que moi je retiens de l’Abitibi. »

Impossible d’être objectif, vous prendrez plaisir à revoir ou découvrir le Rouyn-Noranda d’autrefois et passerez une bonne partie du film à reconnaitre des visages familiers. Un très beau premier long-métrage qui marquera l’imaginaire collectif.

 

Au hasard des rencontres

 

Durant le festival, vous découvrirez Alexandre, le comédien, mais aussi l’humain dans le documentaire de Dominic Leclerc Alex marche à l’amour, présenté en première mondiale le dimanche après-midi. Durant l’été 2011, pendant plus de 30 jours, Alexandre a fait un pèlerinage dans sa région natale en récitant le poème de Gaston Miron, La Marche à l’amour.

L’idée est venue d’Alexandre, lorsque celui-ci a eu le privilège de lire les correspondances entre Gilles Carles et Gaston Miron où ce dernier parlait de son expérience dans la région. « Je m’étais jamais fait décrire comme ça. On est plutôt discret l’Abitibi comme peuple […] il nous décrit comme des géants […] j’étais pu un porteur d’eau ou un désillusionné de la colonisation […] pis ça m’émouvait beaucoup » confie le comédien.

Dominic Leclerc décrit le documentaire comme étant « un film simple, mais c’est ce qui fait sa force. […] Alex rencontre des gens ordinaires pour parler d’un sujet universel, d’un pays, de l’amour. […] Pour se questionner pas besoin de faire des exploits. Alex marche dans sa région, part de sa ville, traverse son territoire, l’Abitibi-Témiscamingue, qui n’est pas extraordinaire, mais qui le devient peut-être par la réflexion qu’il en tire. »

 

Autres primeurs régionales

 

En exclusivité, l’Indice bohémien a le plaisir de vous annoncer que le FCIAT présentera la première mondiale de deux autres films de réalisateurs d’ici : le documentaire Le routier, de Jérémie Monderie-Larouche, et Le Chant des cabanes de Philippe David Gagné.

On pourrait penser que les films régionaux se retrouvent systématiquement en primeur au FCIAT… Détrompez-vous! Le cinéma régional passe aussi dans le tordeur des rigides critères de sélection du festival, assurant ainsi une qualité et une notoriété à l’évènement. S’il y autant de films régionaux de qualité pour ce 32e FCIAT, c’est qu’à l’inverse du cinéma québécois, notre cinéma régional est en santé! Découvrez-le par vous-même!
 

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