Marie-Ange Rouillard, Le Beau Regard, Sainte-Lucie-de-Beauregard, septembre 2013
Thomas travaillait d’une noirceur à l’autre. Il avait un bon emploi pour bien payer sa maison, son auto, VTT, autoneige et V-R. Il était à bout de souffle, un beau jour assis sur son fauteuil, la tête entre ses mains, il se sentait abandonnée de tous. J’ai plein de gens autour de moi, j’habite l’une des plus grandes villes au monde, j’ai tout ce que je veux près de moi, que se passe-t-il? Bon sens, je ne me reconnais plus. Il retourne à son enfance pour se poser la question?
Qu’est ce qui me rendait heureux? Mais oui, c’était la nature, je m’assoyais près des ruisseaux pour ramasser des cailloux de toutes les formes et couleurs. Je regardais les animaux et j’écoutais le silence de la forêt. J’allais m’asseoir sur une très grosses pierre pour ressentir la fraicheur de l‘été au travers des arbres. Aujourd’hui je vis dans l’avoir et non dans l’être. Il est temps pour moi de me préparer à une belle retraite et de ralentir un peu. Il s’achète une maison sur une petite montagne, il rénove, fait un sentier pédestre, des clôtures en perches, comme autrefois chez ses grands-parents. Le moral lui revient.
Avec la douceur de la forêt, la grande ville pesait de plus en plus, le bruit, les gens qui courent partout, il n’arrivait jamais à se détendre. Puis l’heure de la retraite vient de sonner. Il a 65 ans. Il vend sa luxueuse maison de la ville et retourne sur sa montagne enchantée, dans sa nouvelle demeure, ce fut un instant d’émotion très forte de prendre possession de sa nouvelle maison avec ses terres, quel bonheur, un grand contentement qui était disparu à l’adolescence l’envahit soudain, Thomas était dans son élément, il était heureux, il prenait le temps de vivre, il y avait tellement longtemps qu’il était si loin de la belle nature. Un jour, un premier petit animal blessé s’approche de chez lui, il le soigne, se fait construire des enclos sur ses terres pour les animaux, c’était bien avant les lois sur l’interdiction de garder son animal sauvage sur ses terres. Dans ce temps-là, les gens avaient des droits que nous n’avons plus aujourd’hui, mais il faut respecter les nouvelles lois gouvernementales.
Son premier automne sur la montage le conduit dans l’enchantement total, il y avait au moins 50 ans qu’il ne s’était jamais arrêter pour regarder et sentir les odeurs de l’automne à son meilleur. La vie est si belle ici. Pour Thomas, il fredonne des airs de chansons tout le temps, il est fier et content de lui. Il se mijote de bons petits plats campagnards. Sa maison respire le bonheur avec les bonnes odeurs du pain de ménage. Les gens qui sont restés proches de lui, viennent de temps à autre, à peu près quatre visites par année, par ce que c’est loin dans le bois, il est toujours accueillant et chante son bonheur, après avoir écouté toutes les lamentations de Jérémie, comme ont dit parfois, il encourage toutes ses personnes et retourne auprès de ses animaux et de sa belle, la douce «Solitude». Il est dans la joie, son choix apporte un grand contentement, le contentement, c’est l’une des clés du bonheur. À 99 ans, il s’endort pour se réveiller dans la «Céleste patrie» Thomas continu de vivre dans le contentement et l’émerveillement.