Bouffe de rue : quel bilan ?

Thomas Marteil, L’Itinéraire, Montréal, le 1er septembre 2013

Il fait beau, il fait chaud, vous voulez manger un petit quelque chose sur le pouce, mais pas du fastfood? Tout l'été, les 27 camions retenus pour participer au projet-pilote de cuisine de rue dans l'arrondissement Ville-Marie ont vendu de la bouffe gastronomique de chez nous. À l'approche de la fin du projet, l'heure est aux bilans.

Pour son grand retour, la cuisine de rue a pris les grands moyens. La Ville souhaitait se démarquer des métropoles voisines en proposant une offre culinaire de qualité à la hauteur de la réputation de Montréal en matière de gastronomie. Plusieurs restaurateurs et jeunes entrepreneurs s'en réjouissent, dont Élyse Gagnon de L'Assommoir Mobile. «C'est une très bonne idée d'avoir enfin ramené la bouffe de rue ici.» En observant les longues files d'attente devant les camions, on peut affirmer que le public est au rendez-vous. «Nous avons de très bons commentaires des clients. 115 apprécient de voir arriver ce type de restauration à Montréal.», poursuit-elle. Samuel Dion, chargé de communication à l'arrondissement Ville-Marie, se dit lui aussi «heureux de voir l'engouement des gens pour notre projet.»

Amoureuse de la bonne boulle, Stéphanie Grondin, fondatrice du blog Curiosités & Gourmandises, n'a pas raté l'occasion d'essayer les différents food trucks: «J'ai essayé presque tous les camions. Je les ai tous adorés, sauf un.»

Elle souligne cependant que la bouffe n'est pas aussi santé qu'elle en laisse paraître. «C'est beau, c'est bon, c'est local, mais dans l'ensembleça reste du fastfood. Il y a beaucoup de mets frits ou panés, des burgers, des pogos, de la poutine … il  n y a pas vraiment de salades ou de plats légers.» Effectivement, les produits sont de qualité, mais les plats demeurent caloriques. Une personne à la diète n'irait pas y manger tous les jours!

 

Une offre trop élitiste?

 

Même si les bons commentaires sont nombreux, plusieurs jugent que l'offre proposée est trop gastronomique et trop chère. Certaines personnes aimeraient pouvoir acheter un simple hot-dog ou un bretzel comme à New York. Mais, le désir de la Ville de Montréal est d'explorer une nouvelle façon d'offrir la bouffe de rue, en promouvant le savoir-faire québécois. Élyse Gagnon de L'Assommoir Mobile, n'a pour sa part reçu que des avis positifs. «Par rapport aux quantités qu'on donne et à la qualité de nos produits, les gens estiment que nos prix sont justes.» Mme Grondin est du même avis. «Il faut remettre les choses en perspective. Aujourd'hui un trio chez McDo coûte au moins 10 $. Un grille de cheese au camion P.A & Gargantua est à 9 $. Il ne faut pas oublier qu'on paye pour de la qualité et ça revient dans les poches d'entreprises familiales et québécoises.»

Samuel Dion précise que la Ville ne prend pas position à ce sujet. Il estime que comme pour tout restaurant. C'est le jeu de l'offre et de la demande. «S'ils le jugent nécessaire, les restaurants ajusteront leurs prix. Je crois même que certains l'ont fait en cours de route, car ils voyaient qu'ils ne coïncidaient pas aux attentes des consommateurs. »

 

Des choses à améliorer

 

Le projet-pilote connait un bon succès, mais nos intervenants ont souligné certains points à améliorer. Dan, propriétaire du SUPER TRUCK, estime que même s'il y a un bon achalandage sur les neuf spots choisis par l'arrondissement où peuvent s'installer les camions, il y en a quelques-uns qui ne sont pas propices à la vente de nourriture. «II y a beaucoup de passants au spot du Monument Sir George-Etienne-Cartier en face du Parc Jeanne-Mance, mais les gens ne sont pas là pour manger, mais plus pour faire leur jogging ou du vélo. D'un point de vue marketing, ce n'est pas bon.»

Élyse Gagnon estime qu'il faudrait améliorer la visibilité du projet. Selon elle, l'affichage des emplacements en centre-ville n'est pas optimal. «Les gens ne voient pas forcément le camion quand ils traversent le Square Victoria», nous explique-t-elle.

Nos deux propriétaires de camions-restaurants sont conscients que ce n'est que le début et que les choses devraient s'améliorer avec les années. «Nous travaillons avec la perspective de renouveler l'expérience, mais il faut attendre les prochaines élections en novembre avant de pouvoir le confirmer», conclut M. Dion.

classé sous : Non classé