Pas d’éolienne dans notre paradis

Jean-Claude Vézina, Le Haut-Saint-François, Cookshire-Eaton, le 14 août 2013

Pour faire suite aux soirées d'information tenues dans le Haut-Saint-François et destinées à présenter le règlement de contrôle intérimaire portant sur l'implantation d'éoliennes sur notre territoire, une cinquantaine de citoyens de Chartierville ont signifié leur opposition à ce projet. Six mémoires et quelques interventions orales ont témoigné du refus de voir ces moulins à être érigés dans la municipalité.

Deux types d'argumentation, principalement, ont été proposés à la commission. Les règles du jeu qui régissent les distances, les décibels, les infrastructures devront être plus sévères. D'autres objections questionnent la pertinence d'implanter des éoliennes alors que le Québec connaît des surplus d'électricité. L'obligation de tenir compte du respect de l'environnement visuel, de la qualité de vie et de l'industrie touristique est revenue souvent sur le tapis.

Selon Michel Bacon qui cite une étude de l'Institut économique de Montréal, il en coûterait 0,1414 $/kWh pour produire ce genre d'énergie. Elle serait vendue 0,056 $/kWh. Le coût annuel estimé équivaudrait à une perte de 695 M$ par le gouvernement. Il exige aussi que la distance entre l'éolienne et la ligne d'une propriété voisine passe de 15 m à 750 m, comme c'est le cas pour les terrains de golf et de camping. De plus, il réclame, qu'en cas de dévaluation, que les compensations soient du même ordre que celles établies pour les communautés autochtones lors de l'établissement des grands barrages.

Jacques Blain s'est dit favorable à l'éolien, mais encadré par des règlements beaucoup plus sévères que ceux présentés par l'avant-projet. Le volumineux document qu'il apportait mentionnait des études réalisées en France qui montrent des conséquences nocives reliées aux vibrations et au son. Louise et André Philibert ont ajouté qu'il faudrait réduire le nombre de décibels de façon à tenir compte des infrasons qui ne sont pas perceptibles, mais qui ont des effets indésirables.

D'autres encore ont présenté des arguments plus subjectifs, mais tout aussi importants. Entre autres, Joane Dubé qui vient de se bâtir maison tout en haut de la « côte des lignes » s'oppose au projet pour des questions esthétiques, rappelant que les touristes visitent les paysages et non les éoliennes. Photos à l'appui, elle insiste sur la beauté exceptionnelle des lieux. Raymond Fournier tient mordicus à la protection de la Réserve de ciel étoilé qui perdrait de son importance par la faute des « spots rouges » qui compromettraient l'observation.

Le mémoire présenté par Nadine Trudeau et Jean-François Gratton relatait l'enfer qu'ils ont vécu à St-Ferdinand d'Halifax et qui les a obligés à déménager. Ils ne veulent pas se retrouver dans un contexte semblable à celui qu'ils ont connu où 247 signataires durent accepter le diktat de la « ministre Normandeau qui n'a pas tenu compte de l'avis du BAPE », ont-ils mentionné. Entre autres arguments, le couple a mentionné que les retombées faramineuses promises à la municipalité ont fondu comme neige au soleil. Ils ont dû être investis dans des infrastructures plus profitables aux entreprises qu'au village. La valeur des propriétés a chuté de 20 %. La beauté des paysages de cette région est compromise définitivement à cause de dimension des chemins d'accès, du passage de ces routes dans des érablières à l'encontre des règlements de zonages et d'urbanisme. La construction d'une ligne haute tension rive le clou de l'esthétique. C'est sans compter les chicanes entre tenants et opposants au projet qui ont brisé l'harmonie existante.

Le président du comité, Jean Bellehumeur, a dû rappeler que le travail des membres consistait à rédiger le document à la lumière des consultations et d'en faire la recommandation au ministre. Pour sa part, Nathalie Laberge a démontré l'ouverture d'esprit des élus. « Habituellement, une telle consultation se fait en une seule séance publique. Nous, on a donné beaucoup d'information en nous déplaçant 6 fois dans la région et en utilisant le Journal Le Haut-Saint-François pour rapporter l'évolution du projet de règlement intérimaire. »

Nicole Robert, préfet de la MRC, rappelle que tous les propos recensés lors de cette soirée ont été enregistrés et qu'ils seront analysés par le comité pour en rédiger une deuxième version. Le document devrait être mis en ligne à la fin août sur le site de la MRC et son adoption se fera en septembre. M. Bellehumeur a été impressionné par le bon déroulement des interventions. Il a souligné la latitude qu'ont eue les opposants au projet et le respect dans lequel s'est tenue la rencontre.

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