Jean-Claude Vézina, Le Haut-Saint-François, Cookshire-Eaton, le 14 août 2013
L'Exposition de Cookshire revient en force du 15 au 18 août prochain. Qu'on se le dise! Il s'agit ici d'une des plus vieilles au Canada. Elle trouve ses origines en 1845. Comme toutes les autres, elle répond à ce besoin de promouvoir les perfectionnements en agriculture, en élevage, en techniques et instrumentations agricoles sans oublier l'aspect festif.
Les rudes conditions climatiques ont forcé les premiers colonisateurs à développer de nouvelles caractéristiques animales et végétales pour à la fois raccourcir la durée de production et en augmenter ses qualités. Poules Chanteclerc, vaches et chevaux canadiens en sont quelques exemples.
Les expositions permettent les rencontres entre les producteurs et la population. On y démystifie l'agriculture et l'élevage. Il s'agit aussi, pour les agriculteurs, d'un moment privilégié pour établir des liens commerciaux et pour comparer l'amélioration génétique des bêtes et des plantes. Et c'est encore une occasion pour s'offrir une petite fête familiale. Pour les hommes, à l'époque, c'était aussi l'occasion de lorgner dans certaines tentes où se déroulaient certains spectacles… Cultiver et élever pour nourrir a organisé la vie des populations. Au Canada français, cette histoire débute avec Louis Hébert qui, le premier en 1617, a pratiqué l'agriculture. Noël Landry, cultivateur retraité, à la longue expérience dans le vaste domaine de l'agriculture et témoin important de son évolution, raconte quelques étapes des dernières décennies. Dans un premier temps, il dissocie l'amélioration génétique des manipulations que commettent quelques multinationales qui brevettent le vivant en modifiant les gènes.
À l'époque, peu pouvaient consacrer du temps aux techniques de sélection pour améliorer la génétique. « Les congrégations religieuses, les gentlemen farmers, forts d'une longue tradition dans le domaine, et quelques producteurs agricoles francophones avertis se consacraient à cette œuvre philanthropique », se rappelle-t-il.
M. Landry raconte qu'en 1949, les premières inséminations se sont pratiquées avec de la semence fraîche prélevée à Saint-Hyacinthe, pour l'exemple. Elle devait être utilisée la journée même. En 1952, la maîtrise de la congélation du sperme a permis de joindre des éleveurs sur de larges territoires, ce qui a contribué à l'essor des élevages axés sur la génomique, cette science de l'amélioration de la génétique.
Dans les années 1950, l'exposition avait surtout une dimension locale. Les lauréats de Cookshire, s'ils le désiraient, avaient accès au régional, comme à l'Expo de Sherbrooke qui a longtemps été le chef-lieu des Cantons de l'Est. Les gagnants pouvaient par la suite se rendre à Québec. Ce passage, encore aujourd'hui, ouvre la voie à l'Exposition canadienne de Toronto où animaux à bœuf, veaux, génisses, vaches, porcs, ovins, volailles, lapins et autres auront accès au monde.
Les chevaux, ces bêtes qui ont accompagné les cultivateurs pendant quelques décennies en remplacement des bœufs et en attendant les tracteurs, tiennent une place importante lors de cette rencontre. Ils sont nombreux les cavaliers à monter poneys et grands chevaux. Les charretiers aiment les faire parader attelés en paires ou même à 8. Dans le même ordre d'idée, à l'Exposition de Cookshire, jardiniers et horticulteurs amateurs ou professionnels exposent leur plus belle production. On y trouve des pains, des tartes, des gâteaux et autres gâteries qui mettent en évidence le talent des chefs. Les compositions de bouquets, les arrangements floraux, les œuvres artistiques des enfants, et combien d'autres objets artisanaux ou d'art sont exposés pour le plaisir du public.
L'aspect commercial n'est jamais négligé. De nombreuses entreprises proposent des outillages à la fine pointe de la technologie. Les agriculteurs ont tout intérêt à fréquenter leur kiosque pour trouver l'équipement qui facilitera leur travail. Et les plaisirs des manèges, de la barbe à papa, des pommes givrées à la cannelle, des hot dogs steamés…
Bon an mal an, les étables sont remplies d'animaux. Quelques dizaines éleveurs présentent leurs plus beaux. On peut se promener dans les allées pour les admirer. Selon la programmation, on peut voir les juges en action. Une moyenne d'une dizaine de mille visiteurs franchit les guérites pour l'une ou l'autre activité. Des courses de camionnettes et des spectacles viennent compléter le programme des activités.