Le Chaînon fête ses 80 ans

Sophie Gillig, L’Itinéraire, Montréal, le 1er août 2013

Célébrant son 80e anniversaire en août, Le Chaînon accueille et vient en aide à plus de 6000 femmes en difficulté par année. Cet organisme bien ancré à Montréal s'efforce de redonner confiance aux femmes en les aidant à retrouver une place dans la société.

«C'est un endroit béni. Claironne Ginette, Le Chaînon m'apporte de la lumière dans ma vie, c'est une grande famille qui nous cajole.» Cette ancienne employée de bureau bénéficie du programme de transition-offert par l'organisme. Pendant trois mois, Ginette loue une chambre au Chaînon pour une somme modique. Elle est assistée d'une intervenante qui l'assiste dans ses démarches de réinsertion, dont la recherche de logement.

Pour la directrice générale Marcèle Lamarche, Le Chaînon est avant tout un endroit où se poser et amorcer un processus de changement «On accueille une personne, pas un problème. Nous faisons de l'intervention, pas de la thérapie», insiste-t-elle. Le Chaînon a ainsi tissé des liens avec d'autres organismes communautaires qui gèrent les problèmes spécifiques tels la santé mentale et la dépendance. «Notre mission est de faire comprendre aux femmes qu'elles ont une place à prendre dans la société et de les guider vers les bonnes ressources». ajoute Mme Lamarche.

Les femmes qui frappent à la porte du Chaînon ont généralement épuisé toutes les ressources de leur réseau social. C'est ce que Dominique Blouin, directrice adjointe et en charge de l'hébergement appelle l’itinérance cachée. «L'itinérance ne se vit pas de la même manière pour les femmes et les hommes. C'est difficile pour une femme de retrouver son estime quand elle gérait une famille et que maintenant, elle n'est plus capable de se gérer elle-même.»

Le Chaînon tente de redonner une sensation de chez soi aux femmes. Une grande importance est accordée aux détails comme la décoration des chambres, des repas réconfortants et surtout la confidentialité accordée à chacune des locataires. «La plupart du temps on ne sait même pas pourquoi les femmes sont ici. C'est comme si on accueillait notre soeur, on l'aide et c'est tout», raconte Lucie,  une bénévole fidèle au Chaînon depuis 61 ans.

 

Un lieu historique

 

Fondé en 1932 par Yvonne Maisonneuve, Le Chaînon s'est adapté à la société au fil des ans. Épaulée par les Associées, sortes de missionnaires urbaines dont fait partie Lucie, la fondatrice, est d'abord venue en aide aux femmes de la campagne qui arrivaient en ville et qui tombaient dans la prostitution. Durant quelques décennies, Le Chaînon comptait même une unité d'accueil pour les fillettes avant de se concentrer sur les femmes victimes de violence conjugale. Aujourd'hui, l'organisme accueille les femmes qui ont des problèmes de consommation de drogues dures, de dépendance au jeu ou des problèmes de santé mentale.

Composé de 100 employés et de 125 bénévoles, dont 95 % de femmes. Le Chaînon fonctionne essentiellement avec des dons d'argent et de matériel. Une boutique communautaire, le Coffre au Trésor, assure une part de ses revenus. De nombreuses activités ont lieu tout au long de l'année pour célébrer 80 ans de l'organisme dont le point culminant sera le 80e Grand bal des marraines en novembre.
 

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