Projets montréalais : Le grand méchant flou

Antoine Aubert, Échos Montréal, juillet 2013

Ils ont  annoncés avec entrain par Québec et Montréal. La réalisation de plusieurs grands projets de la métropole semble aujourd'hui incertaine, alors que les nouvelles les concernant tardent à arriver.

L'été aura été marqué par l'annonce de la vente de la partie nord de l'îlot Voyageur pour environ 45 millions de dollars. Après l'échec du projet de résidences étudiantes lancé en 2005 par l'UQAM, Québec avait racheté le projet en 2010. Au moment d'annoncer, le 5 juillet, cette acquisition par le groupe Aquilini, la première ministre Pauline Marois a rappelé que le chantier laissé à l'abandon à l'angle des rues Beni et Ontario avait englouti 225 millions de dollars «qui sont perdus pour les Québécois».

Le groupe Aquilini mènera-t-il à bien son projet de 700 unités d'habitation – avec des premiers emménagements prévus en juillet 2015? L'examen de différents projets montréalais qui ont fait la manchette ces dernières années devrait inciter à la prudence.

 

Gare Viger : « Démarches confidentielles »

 

La gare-hôtel Viger, pour illustration, a ainsi pris des allures de feuilleton. En 2006, l'administration Tremblay avait vendu à un groupe d'investisseurs le monument du Vieux-Montréal pour 9 millions de dollars, et ce, bien que sa valeur ait été estimée à quelque 15 millions.

Trois ans plus tard, incapables de financer leur projet – hôtel de luxe, logements, commerces, les firmes avaient finalement renoncé. En février 2012, le Groupe Jesta et Pur Immobilia ont annoncé le rachat de la gare et son terrain. Leur projet similaire au premier, est estimé à environ 450 millions de dollars.

Quand verra-t-il le jour? Plus d'un an après, Philippe Bernard, propriétaire de Pur Immobilia, nous dit en être encore au stade des «démarches confidentielles». Un communiqué de presse devrait être diffusé à la fin de l'été … il détaillera les orientations retenues». Ce n'est pas la première fois qu'on parle de futures annonces. L'équipe responsable des grands projets à la Ville de Montréal n'a pas répondu à nos demandes d'entrevue.

Peu d'informations circulent sur l'avenir du Silo no 5, autre emblème du patrimoine montréalais, dans le Vieux-Port, racheté en 2010 par la Société immobilière du Canada (SIC). Seules des rumeurs ont évoqué un musée ou encore un centre de données.

La SIC explique être en période de réflexion. «Nous discutons. Aucune date n'a été arrêtée», affirme Manon Lapensée, directrice des communications. En 2010, une présentation du site réaménagé était pourtant envisagée pour le 375e anniversaire de Montréal (en 2017). Il n'y a pas de travaux particuliers effectués en ce moment », indique aujourd'hui madame Lapensée.

 

Énigme coup d’arrêt

 

L'organisme privé sans but lucratif Héritage Montréal ne semble pas inquiet de cette situation. «Mieux vaut donner le temps au temps surtout dans le cas d'un site aussi vaste et inhabituel. [ …. ] Mais on suit ça de près, surtout avec la réforme en cours à la SIC qui pourrait mettre en cause l'engagement de celle-ci», souligne Natalie Kaiser, responsable des communications. Ce n'est pas une réforme mais des problèmes de financement qui semblent à l'origine de l'énième coup d'arrêt infligé au projet de modernisation du futur boulevard urbain Notre-Dame. Le gouvernement péquiste, qui a pris cette décision, refuse néanmoins de parler de mise sur la glace. «Nous avons retenu l'option de phases. La première concernera le prolongement du boulevard de l'Assomption et de l'amélioration de l'accès au port de Montréal pour les camions, ce qui diminuera leur présence ailleurs», indique Caroline Larose, porte-parole du ministère des Transports du Québec.

En 2008, des travaux sur six ans, devant coûter 750 millions de dollars, étaient annoncés. Cinq ans plus tard, Échos Montréal a souhaité savoir combien d'argent avait déjà été dépensé et quelles étaient les dates des prochaines échéances. À l'heure de mettre sous presse, le ministère ne nous avait toujours pas rappelé.

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