La Maison Drouin

Marie-Noëlle Charlebois, Autour de l’île, l’île d’Orléans, juin 2013

Un endroit peu connu, empreint de vie, continuellement à l’assaut de la vie : la Maison Drouin est un lieu ayant du vécu. La particularité de ce lieu est sans contredit son âme. Il est de mise d’affirmer qu’une histoire peut être racontée à propos de chaque planche composant la maison.

La Maison Drouin a fièrement traversé les siècles. Malgré sa petitesse, elle logea plusieurs générations. Ses 14,4 m de longueur et ses 7,3 m de largeur ont même déjà été habités par douze personnes simultanément. D’ailleurs, ce lieu fût le coeur de la descendance Drouin durant plus d’un siècle. Premièrement, la Maison Drouin, bientôt tricentenaire, fut construite à l’île d’Orléans par François Canac dit Marquis. Cependant, son nom fait référence à la famille Drouin qui l’acquit en 1872. Par la suite, trois générations de Drouin prirent place dans la petite maison et l’animèrent au gré des saisons. En 1984, elle fût abandonnée, car la dernière gardienne du passé des Drouin mourût et personne ne réclama la maison. C’est grâce à la Fondation François-Lamy que les passionnés d’histoire peuvent maintenant entrer dans cette mine d’or.

Deuxièmement, la Maison Drouin n’a jamais été reconstruite ; tel un conservateur hostile aux changements, elle a su dompter le temps. En fait, aucune modernisation n’a été apportée à la maison : aucune eau courante, aucune toilette et toujours les mêmes planches qu’en 1730. L’âtre, qui constitue le coeur de la maison, est toujours fonctionnel. D’ailleurs, il est encore utilisé et produit un pain qui relève des délices oubliés du passé. À l’époque de sa construction, la Maison Drouin fût même considérée comme une propriété de gens aisés en raison de son four à pain intérieur. Cependant, durant l’occupation des derniers habitants, aux alentours de 1980, la maison fut jugée primitive par les autres villageois puisqu’elle n’avait pas l’eau courante et encore moins des toilettes intérieures.

Troisièmement, les fondations de la Maison Drouin ont été gardées intactes ; cependant, quelques éléments furent rajoutés au fil des décennies4. Vers 1800, environ, une laiterie fut aménagée dans la maison afin de conserver le lait. Un peu plus tard, vers 1850, des cloisons furent aménagées dans la deuxième partie de la maison afin de créer des espaces plus intimes. Par la suite, approximativement en 1900, une chambre-cabane fut construite dans le grenier, conférant plus d’espace aux habitants de la maison. Pour finir, ceux qui pénètrent dans la Maison Drouin ressentent immédiatement toute la vie dont elle a été témoin. La Maison Drouin est authentique et le restera par respect pour les derniers habitants qui ne voulurent pas moderniser la maison, quitte à aller aux toilettes dans une bécosse, de l’autre côté de la route.
 

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