En mémoire de celles qui ont porté le pays

Ariane Aubert Bonn, GRAFFICI, Gaspésie, juillet 2013

Le projet «En mémoire d'Elle» sera inauguré le 30 juin à Gaspé. Hommage aux femmes qui ont contribué à bâtir le monde actuel, cette reconnaissance sera soulignée auprès de la sculpture de Renée-Mao Clavet sur le site du Musée de la Gaspésie.

La sculpture regarde au loin, vers l'ouverture entre les montagnes laissant entrer la mer. « La femme est enceinte du pays et de ses projets. Le pays s'est mis en marche, il a pris racine quand la femme s'y est installée », raconte la présidente du collectif ayant mis en oeuvre le projet «En mémoire d'Elle », Danièle Rail.

Danièle Rail, Gaston Morin, membre du collectif, l't la sculpteure Renée-Mao Clavet se sont réunis afin de parler du projet à GRAFFICi. «Si on avait rendu hommage à des hommes, on aurait sûrement trouvé du financement plus facilement, lance Gaston Morin. Pourquoi honorer des femmes du quotidien? », ajoute-t-il. Si la SADC (Société d'aide au développement des Collectivités) de Gaspé n'a pas hésité à se lancer dans le projet, il en a été autrement des différents ministères, lesquels ont finalement offert 20 % du montant investi, en collaboration avec la Ville de Gaspé, Parcs Canada et le Musée de la Gaspésie.

 

Le musée est l’organisme porteur du projet

 

«80 % du financement est populaire. C'est la preuve que quand les gens veulent quelque chose, ils peuvent le faire », affirme Renée-Mao Clavet. Pour 200 $, il était possible à tout citoyen d'honorer une femme qui l'a marqué en inscrivant son nom dans un livre accompagnant la sculpture. «C'est une expérience unique sur le plan social Dans les trois ans et demi qu'a duré le projet, on a connu des échanges exceptionnels, on a reçu une panoplie d'anecdotes. Surtout, cette démarche nous a confirmé qu'à notre époque, il est essentiel d'avoir un symbole pour souligner l'apport des femmes dans notre communauté«, ajoute-t-elle.

 

Histoires nombreuses

 

« Les gens ont voulu nous raconter leurs histoires. Le Musée de la Gaspésie a donc accepté de créer un fonds d'archives « En mémoire d'Elle» -pour recueillir ces témoignages », affirme Danièle RaiL Au total, 660 noms sont honorés dans

le projet.

«C’est un héritage qu'on laisse aux générations futures. Nous avons encore tant à faire et, à ce que je sache, la sculpture est toujours enceinte, elle n'a pas encore accouché », lance Gaston Morin en riant.

Haute de cinq mètres, l'oeuvre de Renée-Mao Clavet est faite de béton. «Le béton, c'est le matériau des fondations. C'est ce qui a construit des bâtiments depuis des siècles », affirme M. Morin. Il est possible de s'abriter sous la jupe de la femme enceinte comme dans un tipi, une maison ou un monde intérieur. Elle porte un livre, symbole de l'éducation, une bourse de plantes médicinales, symbole desanté, et un tam-tam, symbole des arts. Ce projet regroupe les Premières Nations, les francophones et les anglophones, tant dans les symboles illustrés que dans les noms des personnes qui ont été honorées.

La sculpture est située à proximité du monument de Jacques Cartier, lequel rend également hommage aux bâtisseurs. « Il y avait six sculptures dans le monument. Le nombre six est incomplet. Il fallait en ajouter une. C'est elle, c'est la femme», affirme M. Morin. Le collectif a fait don de la sculpture au Musée de la Gaspésie.
 

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