La ferme impossible

Dominic Lamontagne, Ski-se-Dit, Val-David, juin 2013

Le samedi 22 juin à 10h, dans le cadre des Conférences du Marché d'été de VaI-David, M. Dominique Lamontagne, résident de Sainte-Lucie et lui-même exposant du marché, présentera un document exceptionnel sur la situation presque Impossible dans laquelle plupart des fermes artisanales se trouvent aujourd’hui Québec. Voici un bref aperçu de cette démarche.

«L’agriculture exprime la personnalité des peuple. Par-delà les contraintes qu'imposent le climat et l'environnement biophysique, la façon dont on pratique l’agriculture des choix de société et révèle un peu ce que nous sommes et ce qui nous distingue.» – 2008, rapport Pronovost de Commission sur l'avenir de l’agriculture et de l’agroalimentaire québécois.

Aujourd’hui l'urgence de la situation planétaire nous impose de reconsidérer notre rapport à la terre. Un désir de croissance infinie  sur une planète aux ressources finies. est un modèle d'affaire égocentrique qui met notre lieu de vie en péril et menace l'avenir de notre société.

La conférence La ferme impossible porte un regard critique sur les effets socioculturels de notre modèle agricole actuel. Issu de l'assaut législatif qu'a lancé sur notre agriculture le gouvernement du Québec à la fin des années 1940, le modèle en place aura surtout servi à favoriser l'établissement d'un cartel agricole, à augmenter considérablement la pression sur nos ressources naturelles et à sonner le glas de nos terroirs.

Dans un deuxième temps, la conférence portera sur l'importance de se réapproprier notre alimentation, en recommençant à produire certains aliments nous-mêmes. Mon mandat mon but, est d'abord d'amener les gens vers une bonne compréhension des lois et des autres mécanismes étatiques qui ont mené l'agriculture contemporaine dans le cul de sac dans lequel elle croupit actuellement. Cet état de fait devrait alors nous inciter à faire nous-mêmes l'agriculture de demain, sans égard aux lois qui briment nos libertés individuelles, nommément celles qui ont trait à nos choix alimentaires.

La ferme impossible est une fermette artisanale de 2 vaches, 200 poules et 500 poulets. Si elle était possible, elle permettrait à une famille installée sur quelques acres de terrain de vivre des produits de cet élevage. Or, il en coûterait aujourd'hui plus de 300 000 $ pour obtenir des fédérations en place le droit d'établir une telle entrepose. Qui plus est, la disponibilité de ces quotas est pratiquement nulle. Inutile de rêver : la fermette de 2 vaches, 200 poules et 500 poulets est réellement impossible au Québec. Le but de mes conférences est de susciter un débat social qui concerne tout un chacun: peut-on vraiment se permettre de ne pas réfléchir à notre propre sécurité alimentaire? Notre alimentation n'est-elle pas notre premier moyen d'existence? La disposition de la diversité alimentaire est-elle l'apanage d'une société trop obsédée par la productivité et le bas prix? Pourquoi le cartel agricole en place est-il si fort? Sinon des producteurs agricoles (UPA) exerce-t-elle vraiment un monopole sur l'agriculture? Pourquoi?

Je pense vraiment que l'agriculture de demain se décide maintenant et doit se faire au niveau de l'individu. Je nous souhaite de devenir des individus plus autonomes qui évoluent et échangent avec d'autres individus plus autonomes. C'est comme ça qu'on en viendra à rebâtir notre résilience.

En 1950, 240 000 producteurs agricoles au Québec exploitaient 145 000 fermes pour engendrer 160 millions de dollars de revenus (l'équivalent de 1.6 milliard en dollars d’aujourd’hui). Actuellement sous l'égide de l'UPA, moins de 38 000 producteurs agricoles exploitent moins de 23 000 fermes et se partagent plus de 7 millions de revenus, et plus de 12 millions de dollars en quotas. C'est dire que l'agriculture est aujourd’hui  réservée à une élite qui récolte beaucoup plus d’argent en appauvrissant les choix des consommateurs.

En 2012, Dominic Lamontagne a cessé de produire des conserves gastronomiques. De ses terres de Sainte-Lucie-des-Laurentides, il fait la promotion de l'autonomie alimentaire et de la gastronomie responsable. Son objectif est de redonner à tous le goût et la possibilité de pratiquer une agriculture locale, à dimension humaine.

M. Lamontagne explique, dans ses conférences que les lois québécoises rendent impossible une agriculture qui se démarque du modèle dominant de l'Union des producteurs agricoles (UPA). Il estime que l'agriculture d'aujourd'hui est réservée à une élite qui s'enrichit en appauvrissant le choix des consommateurs.

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