La pauvreté a une ville

Paul Alexis François, Le Monde, Montréal, mai 2013

À l'arrêt d'autobus de St-Michel et Charland, un monsieur dans la soixantaine s'avance et  demande une cigarette. Mon voisin de droite lui en donne trois. Le monsieur qui le lui en avait demandé se confond en remerciement et part pour en allumer une tout de suite. Mon voisin de droite s’explique en me disant. C'est un pauvre monsieur. Je l’ai déjà vu ramasser des botchs par terre. Ah, lui fis-je remarquer, les cigarettes que vous lui avez données sont pour lui comme de l'or si on les compare à des botchs  ramassés par terre ou dans les poubelles.

Alors, il se mit il m'expliquer que Montréal a plein de personnes pauvres comme lui. Il y a des sans chèques qui n'ont aucun  revenu, des assistés sociaux seuls qui gagnent sept cent dollars par mois alors que leur loyer est de cinq cent dollars. Il ne leur reste que deux cents dollars pour manger, s'habiller, payer un loisir comme le téléphone ou la cigarette.

C'est pour celle raison que la bonification de la réforme de l'aide sociale annoncée dernièrement par la ministre de l'Emploi et de la solidarité sociale, Agnès Maltais, n'a pas suffi à calmer les opposants à son projet de réforme.

Dans son édition du 11 avril 2013, Ie journal Métro sous la plume de Camille Laurin Desjardins, nous rapporte que, selon le collectif pour un Québec sans pauvreté et le Front commun des personnes assistées sociales du Québec, cette réforme entrainera un appauvrissement des personnes les plus démunies. Ceci est intolérable. L'association refuse l'appauvrissement des gens exclus du marché du travail. Selon Gaétan Châteauneuf de la CSN, il est regrettable que l'ensemble de la réforme soit basé sur des mesures contraignantes.

Selon les exigences de la réforme, les personnes âgées de 55 à 58 ans et les toxicomanes traités dans un centre de désintoxication perdront leur allocation spéciale de 129 dollars, dès le 1er juin. La ministre promet que chacune de ces personnes aura droit à une rencontre avec une personne spécialisée dans un centre local d'emploi. Les parents de jeunes enfants obtiennent un sursis jusqu'au 30 septembre. Ces trois catégories de personnes assistées sociales pourront suivre un programme d'employabilité avec Emploi-Québec et recevoir en contrepartie 196 dollars supplémentaires par mois.

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