Gilles Simard, Droit de Parole, Québec
Ils étaient quelques centaines, le 23 avril dernier, des décrocheurs, des sans abri, des ex-prostituées, des intervenant-es, voire des curieux et des citoyens à avoir occupé de façon festive et participative le Parvis de l’église St-Roch, et ce pour clamer haut et fort leur foi en l’égalité des chances et des privilèges pour tous, pour dire leur foi en l’égalité sociale malgré la marginalité !
Tantôt appliqués et studieux dans les ateliers et les kiosques, tantôt exubérants et rockers en trépignant avec l’unique Webster, les gens auront clairement démontré – grâce au sérieux et à l’originalité de leur démarche – qu’il était révolu le temps où les élites décidaient de l’espace public devant être occupé par le «petit» peuple… Bien fini le temps où les exclues de toutes natures devaient s’aplatir et s’effacer devant la bigoterie marchande ou politique des bien-pensants.
« Nous autres, lançait Joeanny Masson, citoyenne du quartier, ex-toxicomane et co-porte parole de l’événement avec le rappeur Webster, tout ce qu’on veut c’est prendre notre juste place! Moi, ça fait longtemps que j’habite le quartier et j’aimerais ça que mes petits-enfants puissent grandir dans un milieu sain, un espace sécuritaire pour tout le monde. Un quartier finalement, où les gens pourront cohabiter en paix malgré leurs différences.»
« Quant à moi, de renchérir Carole Dorion, une citoyenne de longue date de St- Roch et une bénévole très engagée dans l’événement du Forum social, je crois que c’est par le dialogue qu’on va arriver à quelque chose. Oui, la mixité sociale est souhaitable mais faut pas tasser le monde non plus ! On est ici depuis plusieurs générations et on voudrait bien y rester. Et puis cette histoire de Nouvo St-Roch, je n’y crois pas. Pas plus que je crois à un centre-ville avec une tour de seize étages et des immeubles à condos. C’est contreproductif tout ça et ça ne nous ressemble pas. Ce genre de choses-là on voit ça dans les parages du Vieux-Port et on voit bien que ça donne pas grand-chose ! »
Quant au reste, les deux femmes s’insurgent contre les nombreux préjugés dont sont victimes les habitué-es du Parvis et voudraient bien que la société apprenne à laisser tomber les préjugés. Carole, incidemment, verrait très bien l’arrivée d’une police communautaire – et non répressive – qui ne «carterait» pas les jeunes pour rien comme c’est le cas actuellement.
De même, toutes deux souhaiteraient que les gens du coin puissent avoir la possibilité de réaménager l’espace du Parvis avec les fournitures nécessaires – fontaine, bancs publics, toilettes, arbustes – pour rendre ce lieu public convivial et agréable à fréquenter.
Soulignons, enfin, que ce Forum social, le deuxième du genre, était organisé par la Ligue des droits et libertés (section Québec), avec la collaboration des troupes de théâtre de l’Auberivière et Les Merveilleuses Têtes Heureuses et aussi d’une douzaine d’organismes sociaux dont Pech, le PIPQ, le projet Lune, le RAIIQ, l’Engrenage de Saint-Roch, Miels-Québec, Revivre, Lauberivière, Points de Repère, le CSSVC, etc.
Somme toute, l’événement s’est avéré un franc succès et, plus que jamais, il semble que la Ville et les commerçants du coin – dont l’hôtel Pur – doivent se résoudre à composer d’égal à égal avec «la bande du Parvis» quant au réaménagement de l’espace public !