Une vie après la politique

Louise Guertin, Journal des Citoyens, Prévost

Monique Guay a été députée du Bloc Québecois pendant près de 18 ans. Emportée par la vague orange de l’élection 2011, cette Prévostoise et politicienne aguerrie est revenue à la vie civile, mais continue d’observer la scène politique avec intérêt. Elle a gardé son énergie combative et son franc-parler. Deux ans plus tard, où en est-elle?

 

À quoi ressemble votre vie depuis votre départ de la vie politique?

Les six premiers mois, on est très occupée. Il faut fermer les bureaux, aider son personnel à retrouver un autre emploi. Ce n’est pas facile quand on a travaillé pour un parti politique. J’ai également fait de la radio pendant un été. J’ai travaillé avec Jocelyne Cazin à Chicoutimi. J’ai remplacé Jean Lapierre comme commentatrice politique. Je travaillais d’ici, c’est un bon exercice pour sortir de sa bulle politique. On doit prendre du recul. Ça ouvre les horizons.

On doit commenter les bons et les moins bons coups de tous les partis. Il faut s’adapter une journée à la fois. Il faut apprivoiser ce nouveau quotidien, revenir à la normale. Je suis dans une semi-retraite. J’ai fait quelques contrats à l’internationale et je retourne en Europe à la fin du mois pour explorer des opportunités.

 

Qu’est-ce que la vie politique a représenté pour vous?

J’ai été pendant 5 ans, leader parlementaire adjoint. C’est beaucoup de travail, de longues heures et ça exige beaucoup de discipline. Il faut savoir être équitable et capable de recevoir les critiques. J’aime le monde. J’ai beaucoup de considération pour les bénévoles. Tous les six mois, j’allais servir des repas à la soupe populaire de Saint-Jérôme.

Ça me ramenait sur le plancher des vaches, à écouter les gens. Je me faisais un point d’honneur de parcourir la circonscription (pendant 10 ans : de Labelle à Saint-Jérôme), de participer à différents événements. J’ai été la plus jeune femme élue à 30 ans, en 1993. Je crois que j’ai fait avancer la cause des femmes par des petits gestes. J’étais une mère monoparentale (son mari est décédé pendant son premier mandat). J’ai emmené les enfants avec moi à Ottawa. Chaque soir, je rentrais à la maison. Les week-ends, on revenait dans les Laurentides. Ça prend de l’organisation, savoir identifier les bonnes priorités.

 

Quel regard portez-vous sur la politique depuis votre retour à la vie civile?

J’ai pris du recul. C’est certain. Dans un parti, on peut avoir des idées divergentes, mais il faut les exprimer dans un caucus. Ensuite, il faut s’en tenir à la ligne du parti.

 

Est-ce qu’il y a des enjeux qui vous interpellent?

La corruption. Il faut que ça cesse. Je crois que toutes les municipalités sont passées par là. Il faut faire un grand ménage. Passer par le contrôle, de meilleurs systèmes pour faire cesser les pots-de-vin. J’ai toujours été dans l’opposition à Ottawa. Les lobbys sont intéressés par le pouvoir. Les commissions scolaires : il y a un nettoyage à faire. Il y a trop de cadres. Ça n’a aucun sens que nos taxes scolaires doublent.

 

Est-ce que vous considéreriez un retour en politique, au municipal ou à un autre palier?

Je ne me représenterai pas pour le Bloc en 2015. Je serais intéressée à faire des chroniques politiques. Au municipal : pas du tout. Au provincial, peut-être un jour. La porte n’est pas fermée. Je crois que je pourrais être utile. Je suis très fière de voir une femme première ministre. Une femme peut sortir de la politique, mais la politique ne sort pas de la femme. Quand on lui parle des prochaines élections fédérales, Mme Guay répond qu’elle croit que les gens en ont assez de la dictature du gouvernement Harper et elle croit que les libéraux de Justin Trudeau vont être des adversaires coriaces même au Québec.

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