Des sommets sans motoneiges

Guillaume Rosier, Le Trait d’Union du Nord, Fermont

Le mois dernier, le ministère du Développement durable, de l’Environnement, de la Faune et des Parcs rappelait à la population que la pratique de la motoneige sur les sommets des monts Groulx est interdite. Isolés, vastes et sauvages : voicitrois adjectifs qui qualifient àmerveille les monts Groulx. Ilmanque cependant un quatrièmeadjectif pour compléter cette description: fragiles.

Depuis 2009, letiers du massif constitue une aireprotégée, la réserve de biodiversitéUapishka. Celle-ci se situe à l’estdu réservoir Manicouagan. Lorsde la création de la réserve, il aété décidé d’interdire la pratiquede la motoneige dans les secteursoù l’altitude est de plus de 800mètres, par principe de précaution.Au cours du mois de mars dernier, des agents de protection de la faune procédaient à l’installation de panneaux de signalisation rappelant cette disposition.

 

Des sommets fragiles

Dans le plan de conservation de la réserve de biodiversité Uapishka, publié en 2009, il est précisé que « la flore des sommets [des monts Groulx] est particulièrement sensible au passage des motoneiges étant donné la faible épaisseur de neige à ces endroits ». Domaine de la flore arctique-alpine, les hauteurs des monts Groulx comptent plusieurs espèces menacées, vulnérables ou susceptibles de l’être.

Michel Michaud, membre des Amis des monts Groulx et habitué de longue date des massifs, précise : « Lorsque les motoneiges passent sur les sommets, bien souvent, elles labourent le sol. Ce faisant, de nombreuses plantes rares disparaissent. Il faut que les motoneigistes véhiculent l’information comme quoi les hauteurs des monts Groulx sont vulnérables et interdites d’accès. »

 

Hausse de la fréquentation

Depuis plusieurs années, les utilisateurs du milieu observent une hausse de la fréquentation, notamment des motoneigistes. Il suffit de faire quelques recherches sur Internet pour constater que les monts Groulx constituent une destination de premier choix pour les amateurs de randonnées motorisées. Ainsi, plusieurs entreprises proposent des circuits dans les massifs. Dans la réserve de biodiversité Uapishka, la pratique de l’activité reste tout à fait légale en dessous de 800 mètres. Cependant, « elle doit être réalisée dans le respect de la règlementation relative à la Loi sur la conservation du patrimoine naturel », comme le précise le ministère du Développement durable, de l’Environnement, de la Faune et des Parcs. Ce dernier a publié sur son site Internet une carte définissant les zones d’interdiction de motoneige dans la réserve (voir ci-contre). Ces zones ne concernent pas les randonneurs pédestres.

Sur les forums spécialisés, nombreux sont les motoneigistes qui demandent des conseils pour organiser des raids. Quelques-uns ne comprennent pas l’interdiction de circuler sur les sommets. Michel Michaud, lui-même utilisateur de motoneige, affirme : « Les montagnes, ce n’est pas ce qui manque. Il en existe d’autres. Comme je le dis souvent, il y a de la place pour tout le monde si tout le monde est à sa place. »

 

Monts Severson

Dans la même visée, Michel Michaud apprécierait que les monts Severson profitent de la même attention que les monts Groulx. « Afin de les préserver pour les années futures, les sommets des Severson devraient être protégés de la même façon que ceux des monts Groulx », estime M. Michaud. Rappelons que le mois dernier, la Conférence régionale des élus de la Côte-Nord (CRÉ) a organisé à Fermont deux séances d’information sur les aires protégées.

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