Tout sur l’homme… de Calder

Manon Bourgeois, Le vieux-Montréal, Montréal

Je vis dans le Vieux-Port. Mes yeux le croisent quotidiennement. Il est à portée de vue, mais non à portée de mains. Ses immenses bras d’acier surgissent au milieu de la végétation environnante et pointent vers le ciel. Cet homme hors norme, aux pieds bien ancrés sur notre sol montréalais, c’est L’Homme de Calder (Man, Three Disks), 1967, une sculpture contemporaine dressée de l’autre côté du fleuve1, devenue notre fenêtre sur le monde moderne : un contrepoids de taille aux nombreux monuments à l’effigie de personnages historiques disséminés dans notre quartier.

 

L’Homme et son créateur

L’Homme d’acier de 22 mètres a atterri sur nos terres lors de l’Exposition universelle de Montréal en 1967, grâce à un don de la société International Nickel Company of Canada Ltd (Inco). Son ossature est composée de cinq arches entrecroisées, en acier inoxydable non poli et non peint, façonnée à partir d’un assemblage de poutres et de boulons suivant une esthétique industrielle toujours à la mode. Cette œuvre est le fruit de l’imaginaire d’Alexander Calder, né à Philadelphie en 1898 et mort à New York en 1976, célèbre pour ses sculptures mobiles composées de tiges de métal et de tôles peintes aux formes géométriques variées, dont les reproductions inondent le marché encore maintenant. Mais Calder est aussi reconnu pour la création d’œuvres monumentales, tel notre Homme, qui ornent les espaces publics des plus grandes villes du monde : Paris, New York, Amsterdam, Bruxelles ou Mexico.

 

Déménager ou rester là?

Les installations de l’Exposition universelle de 1967 ont eu une vie éphémère; c’était prévu ainsi. L’Homme a donc été déménagé. Depuis 1992, bien installé sur son piédestal sur le belvédère de l’île Sainte-Hélène du parc Jean-Drapeau, il s’offre aux regards des joggeurs et des flâneurs dans le Vieux-Port. De plus, il est devenu le point de rassemblement estival dans le cadre des événements programmés par Piknic Électronik. En fait, « les Montréalais se sont approprié ce lieu » affirme Marie-Claude Langevin, chercheuse en études des arts à l’UQAM et partisane du maintien de cette œuvre sur son site actuel, qui a défendu son point de vue, appuyé par François W. Croteau, maire de Rosemont – La Petite-Patrie, lors d’un récent débat organisé par Le Devoir sur Les Dilemmes de l’art public à Montréal 2. 

Mais, une sculpture évaluée à près de 60 millions de dollars doit-elle être plus accessible afin d’avoir un rayonnement plus étendu? Oui, elle mérite d’être au cœur de la ville et d’être vue et touchée par le plus grand nombre de personnes possible répondent d’un commun accord Sarah McCutcheon Greiche, historienne de l’art, et Marcel Côté, économiste, les deux panélistes défendant la thèse du déménagement de L’Homme au même débat. D’ailleurs, notre « Homme » a une carrière internationale bien amorcée. Il a déjà fait la une de Beaux-Arts Magazine dans un numéro spécial (2011) titré Le Tour du monde des œuvres les plus spectaculaires, où il fut comparé à d’autres œuvres monumentales telles le Puppy de Jeff Koons à Bilbao et laPince à linge de Claes Oldenburg à Philadelphie.

Déménager ou rester là? Pour le moment, la Ville a tranché. En mars dernier, elle a confié à la Société du parc Jean-Drapeau le mandat de veiller à revaloriser L’Homme dans le cadre de son Plan d’action pour les fêtes du 375e anniversaire de la ville de Montréal en 2017.3 À suivre…

Quoi qu’il en soit, de près ou de loin, notre « Homme » avec ses trois disques au bout des bras a du panache!

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