La chaudière de Maria fait des petits

Geneviève Gélinas, Graffici, Gaspésie

Les économies réalisées par l’hôpital de Maria grâce à sa nouvelle chaudière à biomasse inspirent plusieurs organisations, dont Caplan qui songe à convertir à ce type d’énergie dix bâtiments au coeur du village.

Début mars, l’hôpital de Maria est devenu le premier établissement en Gaspésie à se chauffer à la biomasse forestière. Comment ça marche? En forêt, les travailleurs de l’Association coopérative forestière de Saint-Elzéar récupèrent la cime des arbres et les arbres impropres au sciage qui étaient auparavant laissés sur les parterres de coupe. Le bois sèche deux ans, puis est réduit en copeaux et transporté à l’hôpital de Maria.  En brûlant, cette biomasse produit de la vapeur qui sert à chauffer la bâtisse, à stériliser l’équipement et à alimenter les cuisines et la buanderie. Résultat : des économies de 45 % par rapport à l’ancien système, qui utilisait l’huile et l’électricité (voir encadré).

À Caplan, dix bâtiments concentrés dans un intervalle d’environ 300 mètres pourraient bénéficier d’une chaudière à biomasse commune, croit le maire Doris Boissonnault. « On veut voir comment diminuer la facture d’électricité pour nos citoyens. On veut aussi que la biomasse se développe avec des matières que les scieries ont du mal à vendre. » Les coûts d’installation peuvent être élevés, estime le maire, mais les économies d’énergie pourraient en valoir la peine.

Le cas de Caplan ne serait pas une première, explique Renaud Savard, président de Gestion-Conseils PMI d’Amqui, la firme qui entamera sous peu une étude pour Caplan. À Causapscal, dans la vallée de la Matapédia, une chaudière à biomasse alimente un réseau souterrain où circule de l’eau à 90° Celsius. Ce réseau chauffe six bâtiments, dont l’église, l’école et l’hôtel de ville.

À Saint-Alphonse, la municipalité et des partenaires songent aussi à chauffer à la biomasse forestière une partie du centre communautaire, l’église, l’ancien presbytère et possiblement l’école primaire. « On a reçu l’étude il y a environ un mois mais on n’a pas encore pris de décision », affirme le maire Gérard Porlier. Les investissements seraient plus modestes qu’à Maria (382 000 $), mais les économies d’énergie aussi (environ 23 000 $ par an).

 

D’autres hôpitaux?

L’hôpital de Chandler observe de près l’expérience de Maria. Et à Gaspé, le Centre de santé a commandé une étude sur la conversion du pavillon Monseigneur-Ross (le centre de soins de longue durée) à la biomasse forestière. « On n’est pas encore en mesure de dire si oui ou non, ça pourrait être rentable », dit Gaétan Vézina, directeur des services techniques. La ressemblance des systèmes de Maria et Gaspé – un chauffage central avec un réseau de distribution de vapeur existant – laisse augurer des économies. Mais l’approvisionnement en biomasse reste à régler : le seul producteur actuel de biomasse est à Saint-Elzéar, à 194 kilomètres de Gaspé.

« Si je faisais de la mise en copeaux [sur la pointe], il faudrait un équipement mobile là-bas, c’est de l’investissement », commente Sébastien Roy, directeur de l’Association coopérative forestière de Saint-Elzéar, néanmoins intéressé à développer le marché de la biomasse. « C’est une diversification qui commence, dit M. Roy. Si on peut avoir d’autres projets, ça peut devenir intéressant. » En ce moment, les 2 000 tonnes annuelles de biomasse (une centaine de camions-remorques) livrées à Maria sont marginales par rapport aux 200 000 tonnes de bois coupé chaque année par la coopérative.

 

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