Aide sociale : pour éviter l’irréparable

François Beaudreau, L’annonceur, Pierreville

Les directeurs de santé publique du Québec demandent au gouvernement de renoncer à l'application du nouveau règlement et d'en évaluer les impacts sur la santé.

Les modifications à l'aide sociale, proposées en février dernier par le gouvernement du Québec, inquiètent les directeurs régionaux de santé publique. Ceux-ci réclament, à l'unanimité, que le ministère de l'Emploi et de la Solidarité sociale renonce à appliquer son projet et qu'il fasse une évaluation des impacts sur la santé des personnes visées par les changements.

Les directeurs de santé publique craignent que les changements entraînent des effets négatifs sur la santé de milliers de gens. Les modifications proposées auraient comme conséquence l'appauvrissement de plusieurs familles, adultes et enfants.

Plus de 25 000 ménages québécois sont visés par le nouveau règlement, estiment-ils. De plus, les prestations d'aide de dernier recours, dans leur forme actuelle, sont largement inférieures au seuil de faible revenu.

« Il faut éviter à tout prix de fragiliser des gens qui vivent déjà sous le seuil de faible revenu », précise le Dr Gilles W. Grenier, directeur de santé publique de la Mauricie et du Centre-du-Québec. Le Dr Grenier faisait partie du groupe de trois médecins qui ont présenté un mémoire endossé par seize directeurs régionaux, le 11 avril dernier.

Les directeurs soulignent par ailleurs que la pauvreté engendre des coûts importants pour le système de santé. « Selon une étude du MESS publiée en 2009, l'amélioration du revenu des plus pauvres permettrait de réduire les dépenses en santé du Québec de 1,7 milliard de dollars chaque année », considèrent-t-ils.

 

Explications à fournir

Un des points qui inquiète les directeurs de santé publique est que le nouveau règlement prévoit d'abolir le versement de l'allocation pour contrainte temporaire à l'emploi et ce, dans deux cas en particulier.

D'une part, pour les couples ayant un enfant de moins de 5 ans et d'autre part, pour les personnes de 55 à 57 ans considérées aptes au travail. « De plus, le versement des prestations spéciales pour couvrir les frais d'hébergement des personnes en démarche de désintoxication serait limité à une durée de 90 jours annuellement », expliquent-ils.

Les directeurs demandent également que soient explicitées les mesures favorisant le retour à l'emploi proposées dans le projet de règlement, notamment la durée des prestations d'allocations, les critères d'admissibilité et les modalités d'accompagnement individuel.

À ce sujet, ils soutiennent que plusieurs personnes sont confrontées à des obstacles importants comme le faible niveau de scolarité, l'absence prolongée du marché du travail, les difficultés d'intégration pour les immigrants et les réalités du marché de l'emploi dans certaines régions du Québec, sans compter les préjugés.

 

Responsabilité

Dans leur mémoire intitulé Modifications à l'aide sociale : Éviter l'irréparable en évaluant d'abord les impacts sur la santé, les directeur régionaux rappellent qu'ils ont la responsabilité de se prononcer sur le projet de règlement modifiant le Règlement sur l'aide aux personnes et aux familles. Ils mentionnent que la Loi sur la santé publique établit que le directeur de santé publique peut « promouvoir l'adoption de politiques sociales et publiques aptes à favoriser une amélioration de l'état de santé et de bien-être de la population auprès des divers intervenants dont les décisions ou actions sont susceptibles d'avoir un impact sur la santé de la population ».

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