Un autre gouvernement qui s’en prend aux assistés sociaux

Serge Lareault, L'Itinéraire, Montréal

J’étudie la politique provinciale depuis 20 ans et à chaque nouveau gouvernement ou presque, je constate qu’on assiste à une tentative de faire du «rentre-dedans» aux plus démunis de la société.

La ministre Agnès Maltais n’a pas fait défaut en menaçant de coupures les parents et les personnes plus âgées qui reçoivent des prestations d’aide sociale et qui ne s’inscrivent pas à une mesure d’accès à l’emploi. Il y a tellement de mauvaise foi derrière une telle mesure, qu’il est essentiel de la dénoncer.

Les changements proposés par madame Maltais sont comme toujours fondés sur la théorie voulant que les assistés sociaux soient simplement des travailleurs qui ne veulent pas travailler. Il faut leur couper les vivres, les traumatiser, les débusquer.

Elle souhaite couper la prestation additionnelle de 129 $ par mois pour «contrainte temporaire» versée aux personnes de 55 à 58 ans et aux parents de jeunes enfants. La ministre dit vouloir la remplacer par une aide mensuelle de 195 $ s’ils participent à une mesure d’accès à l’emploi.

 

Des mesures… démesurées

La ministre a affirmé qu’elle cherche à faire économiser quelque 19 millions de dollars à l’État avec cette nouvelle mesure. Quand on ne traite ainsi que des économies, c’est parce qu’on pense à réduire l’aide et qu’on souhaite que les fameuses mesures d’accès à l’emploi ne soient pas utilisées, car ces fameuses mesures coûtent des sous. Par ailleurs, ce que le gouvernement ne dit pas, c’est qu’il a coupé ces dernières années dans lesdites mesures et que les personnes qui veulent y participer ont bien souvent du mal à le faire, car il n’y a pas de place pour tous.

Les prestataires doivent souvent attendre bien longtemps avant de pouvoir rencontrer un agent de l’aide sociale pour traiter leur cas. En coupant les prestations, le gouvernement vise à leur rendre la tâche encore plus difficile et il n’offrira pas les services pouvant leur permettre de retrouver un emploi ou de bénéficier d’une prestation supplémentaire. Toutes les personnes assistées sociales qui traitent avec le gouvernement savent à quoi s’en tenir.

 

Aveuglement gouvernemental

La ministre Maltais affirme qu’une telle mesure est nécessaire pour pousser les gens vers l’emploi, le marché étant supposément plus ouvert. On ne parle pas ici de personnes qui ont travaillé toute leur vie et qui finissent leur carrière comme commis dans un magasin à grande surface, souvent parce que leur fonds de retraite n’est pas suffisant. Nous parlons ici de personnes dont l’employabilité est insuffisante. Nous parlons de personnes qui ont souvent essayé de travailler jusqu’à s’en rendre malades.

À L’Itinéraire, plusieurs personnes font des recherches d’emploi tous les jours et on ne veut pas les embaucher : manque d’expérience, passé marqué par la maladie mentale, trop âgé, etc.

En les rendant encore plus vulnérables, ce sont les coûts sociaux, notamment les coûts d’hospitalisation, qui vont augmenter. Des enfants démunis vont souffrir parce que le gouvernement a voulu économiser avec leurs parents «fainéants».

Le Parti Québécois fait preuve d’un total manque de vision. Lors de la campagne électorale, il avait dit vouloir améliorer les conditions de vie des plus vulnérables. À la première occasion, il tente de mettre plus de 12 000 personnes et leurs enfants dans une misère encore plus noire, et de les laisser se débattre avec les agents de l’aide sociale pour tenter de récupérer un maigre, mais essentiel 129 $ par mois. On change les ministres, mais pas les mentalités, semble-t-il.

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