Matthieu Max-Gessler, La Gazette, Mauricie
Près de deux ans après sa naissance, la Fondation Trois-Rivières pour un développement durable organisait sa première soirée-bénéfice, le 21 mars dernier. Une occasion pour amasser des fonds pour ses projets, mais également pour récompenser quatre organisations qui ont fait des efforts en développement durable.
Les initiatives mises en place par les quatre lauréats sont variées, allant de l'implantation massive du bac à recycler à l'élimination de certains rebuts, même recyclables. Ou, dans le cas de Papier Confit, entreprise de faire-parts et d'invitation personnalisées créée l'an dernier par Sara Drouin-Germain, leur réutilisation. La Trifluvienne récupère en effet les retailles de papier pour leur trouver une autre utilité.
Mme Droin-Germain, honorée par la Fondation dans la catégorie Coup de coeur, s'approvisionne également le plus possible auprès de fournisseurs locaux en papier certifié Forest Stewardship Council (FSC), qui garantit la gestion durable des forêts desquelles il provient. «Les valeurs d'écologie et d'achat local sont très importantes pour moi, ça me semblait naturel de les inclure dans mon plan d'affaires, explique-t-elle. Et ce n'est pas réellement plus cher : si je paie un peu plus pour mes matériaux locaux, j'économise en frais d'expédition.»
Consommation responsable
Il est rare que grandes surfaces et développement durable se conjuguent de façon harmonieuse. Le Centre commercial Les Rivières, lauréat dans la catégorie Économique, a toutefois fait plusieurs efforts en ce sens, notamment en se dotant de bornes de recharge pour automobiles électriques, en plantant 11 nouveaux arbres sur sa propriété, en diminuant la quantité de déchets et en compostant les déchets organiques produits par les restaurateurs du centre. «On s'est donné l'objectif de réduire les déchets au minimum, explique Renée Blais, directrice exploitation. Désormais, les commerçants doivent trier leurs déchets et les mettre dans des sacs transparents à la fin de la journée et si on y retrouve des matières recyclables, on ne ramasse pas le sac.»
Un festival qui laisse sa trace… sans dommage
Dans la catégorie Environnement, c'est le festival DansEncore qui a remporté les honneurs. Depuis quelques années, les organisateurs de l'événement ont mis en place nombre de mesures destinées à épargner la nature de la présence des festivaliers. Ainsi, l'eau embouteillée a été bannie du site pour être remplacée par des cruches d'eau pour remplir les gourdes des visiteurs. Le festival a également supprimé l'envoi par courrier pour le remplacer par l'envoi électronique. On a aussi mis en place un système de navettes pour le transport des artistes et vend des produits dérivés réutilisables.
«Ça nous faisait mal au coeur de terminer l'événement et de voir les classeurs pleins de papier qu'on jette, explique Claire Mayer, directrice générale et artistique du festival DansEncore. On était aussi tanné de voir des bouteilles d'eau jetées à la poubelle alors que, parfois, il n'y avait qu'une gorgée de prise dedans. Ce qu'on fait maintenant, ce sont de simples petites actions, mais quand on les multiplie par 1000, 2000, 15 000 ou 20 000, ça prend toute son importance.»
Raccrocheurs en croisade contre la chaleur
Finalement, le Centre d'éducation des Adultes du Chemin-du-Roy a remporté le prix dans la catégorie Projet Social, pour un projet de mur vert. Dans le cadre du Programme d'éducation à l'environnement et à la citoyenneté (PÉEC, développé par le trifluvien Claude Poudrier), une classe de jeunes raccrocheurs ont planté 300 mètres de vignes le long des murs de leur école pour lutter contre le phénomène des îlots de chaleur.
«Après une recherche, ils ont découvert que le Centre se trouve en plein coeur d'un îlot de chaleur, soit une zone urbaine où la chaleur peut être jusqu'à 10 degrés au-dessus de la moyenne dans le reste de la ville, explique Martine Chênevert, enseignante en formation de base. Ils ont aussi découvert qu'il y avait plusieurs résidences pour personnes âgées et une garderie dans le secteur, en plus des personnes handicapées qui fréquentent notre institution. Vu que ce sont trois groupes de personnes qui souffrent particulièrement de la chaleur, ça les a motivé davantage à agir.»
Une reconnaissance à encourager
En plus de montrer l'exemple, les lauréats ont un point en commun: les quatre ont obtenu leur Certification en développement durable, une initiative de la Ville de Trois-Rivières il y a bientôt deux ans. Une trentaine d'entreprises et organismes ont été certifiés depuis son lancement, un nombre qui devrait augmenter avec l'aide de la Fondation, selon son président Martin Magny. «Les gens pensent qu'il faut être parfait pour avoir la certification, déplore-t-il. La Fondation va pouvoir sensibiliser, conseiller et accompagner les entreprises dans ce processus. Le but est simplement de conscientiser, surtout les entreprises, que ce n'est pas compliqué d'être un bon citoyen corporatif.»
Le développement durable: brève définition
La première utilisation du terme «développement durable» remonte à 1980, par l'Union internationale pour la conservation de la nature. Il signifie de se développer pour «répondre aux besoins du présent», sans compromettre ceux des générations futures, sur les «dimensions environnementale, sociale et économique des activités de développement», selon le Ministère du Développement durable, de l'environnement, de la Faune et des Parcs du Québec.