Matthieu Max-Gessler, La Gazette, Mauricie
Fondé en 1974, le Centre d’amitié autochtone de La Tuque accueille les nouveaux arrivants à La Tuque et offre une panoplie de services à cette communauté au sein de la ville. Une belle histoire d’amitié qui tisse des liens si serrés que certains choisissent de redonner au suivant en y travaillant. C’est ainsi que Christine Jean a choisi d’y faire sa place… pour le plus grand bien de tous.
L’histoire de Christine Jean en est une d’amour. Avec la communauté autochtone latuquoise, mais surtout, avec le Centre d’amitié autochtone de La Tuque (CAALT), où elle travaille depuis 17 ans. «J’ai été élevée là, ma mère y a travaillé, explique-t-elle. Ça fait partie de ma vie de m’impliquer : c’est naturel pour moi d’être dans un organisme sans but lucratif.»
Un parcours passionnant, mais qui n’a pas été sans difficulté, notamment sur le plan des études. Après avoir décroché, puis raccroché, Christine poursuit sa formation avec des formations offertes dans le cadre de son travail. Bel exemple de persévérance scolaire, elle finit même par suivre des cours à l’Université Saint-Paul d’Ottawa pour obtenir un Certificat en interventions de groupe et leadership.
Christine Jean, aujourd’hui directrice générale du CAALT, et son équipe portent une grande responsabilité: accueillir les autochtones qui arrivent à La Tuque. «Il y a beaucoup d’autochtones qui s’établissent de façon permanente, tant en provenance des communautés attikamekw que d’ailleurs. Le Centre est un point d’entrée et il faut répondre à un plus grand nombre de demandes qu’avant.» L’équipe du CAALT a d’ailleurs dû s’agrandir pour répondre à la demande. Ils sont maintenant 20 employés, contre six il y a cinq ans.
En plus d’accueillir les nouveaux arrivants, Christine Jean porte la responsabilité de faire le lien entre eux et les allochtones de La Tuque. Une tâche essentielle qui permet de les mettre en contact avec des ressources vers lesquelles ils ne se seraient pas allés d’eux-mêmes, selon Line Pilote, présidente de la Corporation de développement communautaire du Haut-Saint-Maurice. «Christine fait le lien avec le Centre de santé et de services sociaux pour faire de la prévention et elle offre des services adaptés au CAALT, illustre-t-elle. En offrant aux gens un milieu dans lequel ils sont bien accueillis, ils se sentent plus à l’aise d’aller chercher des services ensuite. Elle est très dynamique et à l’écoute de sa clientèle.»
Virage jeunesse
Femme de projet, Christine Jean a amené un véritable «virage jeunesse» au CAALT. «Les jeunes sont notre clientèle majoritaire, même si on a des gens de tous les âges qui viennent, explique-t-elle. C’était essentiel de développer des projets qui les rejoignent.»
La directrice générale a donc mis sur pied plusieurs projets à leur intention, comme le programme «Pashit» pour les jeunes autochtones en action. En partenariat avec le Centre local d’emploi de La Tuque, le CAALT aide les jeunes autochtones de 18 à 24 ans sans emploi à réintégrer le marché du travail. Le Centre s’est également doté d’un studio d’enregistrement destiné aux jeunes artistes. «Ce qui m’a poussé à lancer ce projet, c’est un jeune artiste qui fréquentait le centre qui était prêt à endisquer mais n’avait pas les ressources pour le faire. Je trouvais important qu’on offre cette chance aux jeunes qui ont du talent mais n’ont pas les moyens de l’exprimer à plus grande échelle.»
Christine a également contribué à la mise sur pied de Création nuits blanches, un concours de capsules vidéo avec pour thème un message de prévention. Le programme prendra toutefois fin cette année… à moins que la ténacité de la directrice du CAALT ne lui permette de survivre par la recherche de nouvelles sources de financement.
À quoi ressemble l’avenir pour Christine Jean? À coup sûr, il va se dessiner au Centre d’amitié. «Le milieu autochtone me stimule, car il a beaucoup de besoins, conclut-elle. J’ai une super équipe qui m’aide à accomplir la mission de l’organisme. Je suis vraiment contente d’être là et je ne me vois pas ailleurs»