Petite histoire au cœur d’une communauté

Robert Savoie, Collaboration spéciale avec le journal l’Action de l’Est, Rimouski

Petite présentation toute simple, pour vous dire que je suis le maire d’une municipalité de près de 900 citoyens, Saint-Valérien, localisée tout près de Rimouski.

Au cours des dernières années, nous avons souvent entendu parler de la dévitalisation des communautés rurales. Aujourd’hui je vais plutôt vous raconter une histoire qui démontre que si nous ouvrons nos cœurs à la différence, nous pouvons être des communautés attrayantes pour des familles à la recherche d’une terre d’accueil. Lui se nomme Ariel, originaire de l’Ukraine et elle, Roxanna, originaire du Tadjikistan, un pays situé juste au nord de l’Afghanistan.

Chacun ayant connu, tout jeune, la guerre civile dans leur pays respectif, le destin fait en sorte qu’ils se rencontrent au cœur d’Israël au début des années 2000 et y unissent leur vie. Quatre magnifiques garçons sont issus de cette union : Léon 11 ans, Ben 9 ans, Michael 4 ans et le petit dernier, Emmanuel 2 ans. Les bombes et les voitures piégées réapparaissent dans leur vie au cours de cette période. De là l’image du Canada prend naissance afin que leurs enfants connaissent autre chose que la guerre. En 2008, ils entreprennent les démarches (cours de français, formation) afin de venir vivre au Québec.

Au printemps 2012, ils reçoivent les visas permettant à toute la famille d’immigrer au Canada. D’évènements en coïncidences, ils arrivent le 24 juin à Toronto et, au milieu du mois d’août, ils font la route jusqu’à Rimouski, pour visiter des amis, James et Mary Ann arrivés ici en 2012. Ce fut le coup de foudre pour la région. Leur choix était fait et ce fut la recherche d’un logement. Par un pur hasard, le propriétaire de l’immeuble ou réside James et Mary Ann possédait une maisonnette à louer à Saint-Valérien.

Après une visite du village, de l’école et de La garderie, Arielet Roxanna décident, malgré une certaine hésitation et la crainte de l’isolement, de déposer leurs valises au cœur de la municipalité de Saint-Valérien. C’est à ce moment que la magie commence à prendre forme.

Première étape importante, la rencontre du service de garde pour les deux plus jeunes. Ariane et Valérie, les responsables du service de garde, ont ouvert grand les bras afin d’accueillir Michael et Emmanuel et faciliter leur intégration avec les autres jeunes. Avec l’imaginaire, la débrouillardise et l’aide des autres enfants, elles ont graduellement accompagné les deux jeunes dans l’apprentissage du français et de leur autonomie. Les images et les jeux de mime sont leur moyen de communication au quotidien.

Maintenant l’autre grande préoccupation des parents : l’insertion de Léon et Ben à l’école primaire St-Rosaire de St-Valérien. Imaginez un seul instant le défi de Carl et Gabrielle, les enseignants qui les reçoivent, et découvrent que les deux enfants ne parlent que l’hébreu et des rudiments de russe. Ouf!! Les deux premières semaines demandent une grande énergie d’adaptation.

Les enfants de chacune des classes s’impliquent avec leur belle curiosité et leur grandeur d’âme pour faciliter le travail de Carl et Gabrielle. Deux semaines plus tard, Michèle, spécialiste de l’apprentissage du français à la Commission scolaire des Phares, est venue épauler nos deux enseignants afin d’accélérer la maitrise de la langue de Molière à ces deux jeunes.

Février 2013, Léon et Ben ont réussi leurs examens de la session d’automne. Ils ont aussi un équipement de hockey, gracieuseté de la Fondation Vincent Le cavalier et apprennent les rudiments de ce sport à la patinoire du village. Ariel et Roxanna améliorent leur connaissance du français en collaboration avec Accueil et Intégration B.S.L. et suivent une formation en soins infirmiers. Et pour les deux plus jeunes, ils parlent de plus en plus le français et adorent jouer avec leurs nouveaux amis.

Après avoir eu le plaisir de voir jaillir la lumière dans les yeux et dans le cœur de cette famille, je tiens à dire un immense merci à tous ceux et celles qui ont permis de réaliser ce petit miracle et particulièrement un grand merci à tous les enfants de Saint-Valérien qui ont ouvert leur cœur à la différence. Cette histoire est aussi l’histoire de plusieurs communautés qui, par leur accueil et leur générosité, favorisent l’arrivée et l’enracinement de ces nouvelles familles.

Pour terminer je cite cette phrase de Roxanna : Léon a, après trois mois, plus d’amis ici qu’il en avait en Israël.

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