L’église de Saint-Jean se refait une beauté

Pierre Pruneau, Autour de l’île, l’ île d’Orléans

Tardif et frère, de Sainte-Marie de Beauce, sur le stationnement et des portes closes accentuent le mystère qui entoure l’église de Saint-Jean. On rénove l’intérieur de ce joyau du XIXe siècle et le chantier est spectaculaire : échafaudages s’élevant jusqu’au sommet de la voûte et créant l’impression d’une multitude de mâts et de vergues qui nous reportent à l’âge d’or de la navigation à voile, tableaux intégralement emballés, centaines de gallons de peinture rangés en ordre de bataille laissent supposer qu’on se livre ici à d’impressionnantes manœuvres pour redonner à ce temple la fraîcheur de sa jeunesse.

 

Un maître d’œuvre réputé

Deux générations de peintres de cette firme réputée se promènent avec calme sur d’étroites passerelles. Ils contournent habilement au pinceau les innombrables dorures des moulures anciennes en sachant très bien qu’ils ont six semaines pour rafraîchir cet intérieur à coups de gris pâle, gris moyen, jaune pâle et blanc et compléter ainsi le travail élaboré par le maître d’œuvre Richard Hamel. Ce dernier compte dans sa carrière plus de 118 interventions en restauration de patrimoine religieux partout au Québec.

Sur l’île seule, il a réalisé les rénovations intérieures des églises de Saint-Laurent et de Sainte-Pétronille. Il cherche d’abord, par grattage, à retourner à la peinture d’origine du bâtiment puis il confectionne une maquette à l’aide d’une grande photo des lieux qu’il rehausse avec les couleurs sélectionnées. L’effet d’ensemble est saisissant. Ensuite, une fois reçus les accords du ministère de la Culture et du diocèse de Québec, il procède à l’embauche des artisans et à la bonne marche de tout le chantier. On prévoit la fin des travaux à temps pour la célébration du 24 décembre. On compte aussi revernir les bancs, poursuivre le faux fini sur les boiseries, incluant le baptistère ; mais les planchers, encore en bon état, ne feront l’objet d’aucune restauration pour cette fois.

Ces importants travaux ont pu être entièrement défrayés par un legs testamentaire de M. Fernand Blouin qui a dévolu une part de son héritage à la rénovation et à l’entretien de l’église de sa paroisse natale. Ce geste très généreux a reçu l’accord de tous les héritiers et permet à la paroisse de la Sainte-Trinité-d’Orléans de pouvoir réaliser des travaux d’une telle envergure.

 

Un conseil de fabrique dynamique

Nous avons rencontré M. Robert Filion, président de l’assemblée des marguilliers de la Sainte-Trinité-d’Orléans, qui nous a tracé un bilan des travaux réalisés dans chacune des communautés religieuses de la paroisse. Ainsi, à Saint-Laurent, on a rénové la chapelle de procession (toit et clocher), à Saint- Jean, le muret entourant le cimetière a été entièrement refait ainsi que le charnier fortement endommagé par les intempéries. On aura aussi complété, en décembre, la rénovation de l’intérieur de l’église de Saint-Jean.

À Saint-François, on se penche sur la vocation communautaire et commerciale à donner au presbytère, on a fait cadeau à l’église de la façade d’une armoire du XVIIe siècle et restauré l’oeil-de-boeuf fortement endommagé par des infiltrations d’eau. La statue de bois qui représente saint Jacques de Compostelle, en haut du mur, a fait aussi l’objet de travaux de rénovation. M. Filion croit à l’importance d’entretenir notre patrimoine religieux, car il représente nos œuvres d’art les plus belles et celles qui attirent les visiteurs du monde entier. Il remercie tous les bénévoles qui participent à ces chantiers et rendent possibles d’importantes rénovations à des coûts très réduits en apportant la preuve que la solidarité légendaire des insulaires a survécu à toutes les modes.

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