J. Girard, échos Montréal, Montréal
L'année qui se termine est l'occasion d'un bilan pour Montréal. Sur le plan économique, la métropole a déjà entamé ses devoirs cet automne en publiant un bilan provisoire intitulé « La situation économique dans l'agglomération de Montréal 2012 ».
« L'économie montréalaise est sur une bonne lancée en 2012, plusieurs indicateurs pointant vers une performance record », résume l'équipe de chercheurs en statistiques de la Ville de Montréal. Leur bilan évoque notamment la stabilité du marché du travail – avec des taux d'emploi et de chômage de 57,5 % et 9,5 % en septembre 2012, comparativement à 57,9 % et 9,7 % pour toute l'année 2011 – et le marché de la revente de résidences qui devrait afficher un bilan positif.
Sur la question de l'immobilier, Bertrand Schepper, chercheur à l'Institut de recherche et d'informations socio-économiques (IRIS), estime cependant qu'il y a des nuances à apporter. « Les faibles taux d'intérêt entretenus par la Banque du Canada […] ont eu un effet sur les décisions d'achat et de revente des propriétés montréalaises, explique-t-il. Cette année, les chiffres peuvent être élevés, mais cette politique aura endetté bon nombre de Montréalais à tel point que ceux-ci pourraient durement ressentir l'effet d'une hausse des taux d'intérêt à court ou moyen terme. Cette situation (globale) est exacerbée par un faible ratio logement locatif versus propriété non locative. »
« Le statut de la ville de Montréal reste plutôt stable dans le contexte de crise économique mondiale par rapport aux autres métropoles occidentales, ajoute M. Schepper. Montréal a su tirer son épingle du jeu dans certains secteurs, notamment celui du tourisme, ce qui lui permet de rester reconnue en Amérique du Nord comme une ville culturelle importante. »
Tourisme : vers une année record ?
Le bilan provisoire de la Ville anticipe une année record, avec plus de 7,8 millions de touristes et 2,3 milliards $ dépensés dans la métropole. À titre comparatif, en 2011, les touristes ont également dépensé 2,3 milliards $, pour une hausse de 7,1 % des dépenses par rapport à 2010. On croit donc que le bilan final de la Ville, en colligeant la totalité des données pour l'année 2012, affichera une hausse.
« Il y a une ambiguïté, indique Pierre Bellerose, vice-président de Tourisme Montréal. L'Institut de la statistique du Québec parle d'une hausse, mais selon l'Association des hôtels du grand Montréal, il y aurait une légère baisse. Il faut rester prudent. On ne peut pas encore tirer de conclusion puisqu'on fera le bilan définitif de l'année dans quelques semaines. »
« Chose certaine, l'année 2012 a été intense, avec la grève étudiante. On a connu une baisse en mai et juin, mais le tourisme est rapidement revenu à son rythme naturel, le conflit n'a pas laissé de séquelles, a ajouté M. Bellerose. La corruption n'a pas vraiment d'impact non plus. On en parle très peu à l'étranger. Il y a eu quelques articles à Toronto et en France, mais Montréal demeure une "fun city" où les touristes ont envie de venir s'amuser. »
Confiance mise à mal
Les effets de la commission Charbonneau se font néanmoins ressentir chez les Montréalais eux-mêmes. « L'indice de confiance est peu convaincant et le climat à Montréal n'est pas très sain, estime Georges A. Tanguay, économiste et professeur à l'École des sciences de la gestion de l'UQAM. Plus personne n'a confiance en l'administration et sa gestion des finances publiques. Les gens sont plus cyniques que jamais et on ne s'en tire donc pas très bien à ce chapitre. »
Un avis que partage Bertrand Schepper de l'IRIS, pour qui le portrait économique de Montréal est présentement difficile à dresser. « D'une part les agences de crédit comme Standard and Poor's et Moody's ont accordé de bonnes notes à la gestion de la Ville. Mais les accusations de corruption nuisent à la confiance de la population en plus d'avoir déjà montré les sommes colossales que nous coûte cette corruption.»