Pierre Beaulieu, Montbeillard en bref, Rouyn-Noranda
Une soirée hommage
Pas moins de 80 personnes envahissaient la grande salle du Centre communautaire de Montbeillard en cette douce soirée du 25 octobre dernier, afin de rendre hommage à la personne et à l’œuvre d’une écrivaine de la région dont le dernier roman connaît un succès sans précédent. Afin aussi de souligner le 35e anniversaire du Réseau Biblio de l’Abitibi-Témiscamingue. Pour ce faire, ce dernier, en collaboration avec notre bibliothèque locale, proposait une lecture publique, par les comédiens Isabelle Rivest et Alexandre Castonguay, dans des décors d’une grande sobriété – quelquescubes pivotant sur eux-mêmes – d’extraits de Il pleuvait des oiseaux, le dernier roman de Jocelyne Saucier qui, depuis sa parution en 2011 chez l’éditeur XYZ, rafle honneurs, prix et distinctions de toutes sortes et sera, sous peu, traduit en anglais et en suédois. Soulignons la présence tout à fait imprévue, mais fort appréciée, de Jocelyne Saucier à la lecture publique de son roman qui, la journée même, se voyait attribuer le prix France-Québec.
L’univers d’Ed Boychuck
Il pleuvait des oiseaux nous transporte dans l’univers d’Ed Boychuck, un être énigmatique, l’un des derniers survivants des Grands Feux qui ont dévasté le Nord de l’Ontario au début du XXe siècle : «…l’air s’est raréfié, c’était irrespirable de chaleur et de fumée, autant pour nous que pour les oiseaux et ils tombaient en pluie à nos pieds». Boychuck, c’est ce garçon qui a perdu toute sa famille dans les Grands Feux et qui a erré pendant des jours dans les décombres fumants, à demi aveugle, à la recherche de son amoureuse. Boychuck, c’est une blessure ouverte, un homme brisé, un homme enfermé dans son malheur et qui ne fuyait personne d’autre que lui-même, un homme qui, devenu vieux, a choisi de se retirer du monde en compagnie de deux amis, des hommes épris comme lui de liberté et qui ont conclu un pacte avec la mort.
Quelques commentaires
Marie Grimard n’avait pas lu le roman de Jocelyne Saucier avant d’assister à la lecture publique. Elle a beaucoup apprécié le travail «très dynamique» des comédiens. Elle souhaiterait qu’il se tienne davantage d’activités de ce genre dans notre village. Marcel-Yves Bégin, qui avait lu le roman, s’est dit touché de la présence de Jocelyne Saucier. «J’ai aimé ça, dit-il. Je suis comme un enfant, je n’ai rien manqué». Diane Dugon a «adoré» cette soirée qui lui a donné le goût d’acheter et de lire le roman. Rarement a-t-elle apprécié un spectacle comme elle a apprécié celui-ci entre autres pour la poésie qui s’en dégage. Jose Médiavilla s’est dit aucunement surpris du succès de Il pleuvait des oiseaux qu’il a grandement aimé. Il a trouvé le travail des comédiens tout à fait «extraordinaire». Quant à Martial Bourassa, qui avait lu le roman, il s’est dit captivé par l’histoire et impressionné par le travail des comédiens.
La lecture publique s’est terminée par une ovation debout qui s’adressait tout autant, nous a-t-il semblé, à l’auteure du roman qu’au roman lui-même et au travail, tout à fait remarquable, des deux comédiens. Une ovation dont on pourrait dire qu’elle était à la mesure de l’écoute très attentive, quasi religieuse, de cette assistance très majoritairement féminine.