André Chrétien, Le Pont, Palmarolle
Pendant la première semaine d’octobre, Dame Nature a bien voulu nous accorder quelques jours d’ensoleillement. Bien sûr les agriculteurs ont sauté ou plutôt grimpé sur leurs machines pour commencer la moisson.
L’une de ces machines travaillait déjà sur une ferme du rang sept. Son propriétaire, Ronald Demers, un entrepreneur en moissonnage, venu de l’Épiphanie dans Lanaudière, m’a invité à bord pour un tour de champ, ce qui représente une distance de trois kilomètres, aller et retour.
C’est par un escalier – pas une échelle – que l’on accède à la « cabine de pilotage » où nous attend un deuxième siège aussi confortable que celui du conducteur. Ce qui impressionne, c’est à première vue la somptuosité de l’habitacle tout en plexiglas, puis, une fois la porte refermée, c’est le silence presque total qui contraste avec le vacarme extérieur que produit ce monstre avaleur d’avoine, sur une largeur de plus de dix mètres (35 pieds) à la vitesse d’un homme à la course.
Cette grosse bête possède une intelligence très développée, elle peut se conduire seule, en effet elle se dirige en ligne parfaitement droite à l’aide d’un GPS. Un écran coloré donne aussi au conducteur une foule de renseignements utiles, entre autres, il montre le champ en colorant les aires déjà moissonnées, les rigoles; il donne aussi la pesanteur de la charge de grain accumulée dans son ventre qui peut en contenir huit tonnes.
Il faut parfois faire le vide de ce grain, c’est alors qu’arrive un gros tracteur attelé sur une immense benne qu’il accole à la batteuse, à peine cinq minutes plus tard, on y a déjà, grâce à un tuyau gros comme celui d’un ponceau « calvette » transvidé le contenu. Puis les machines repartent, la première reste au champ et, le tracteur et la benne vont rejoindre un superbe camion remorque, garé près de la grand-route, dans lequel on déversera le contenu jusqu’à ce qu’il en ait accumulé plus de 44 tonnes métriques. Un autre semblable le remplacera aussitôt qu’il aura quitté pour une destination, peut-être Montréal ou Toronto… je ne saurais préciser.
Eh oui! L’agriculture change de face, tout est grand, tout est plus gros. Une chose est certaine : c’est que les terres de Palmarolle continuent et continueront à produire de la richesse, mais selon un autre mode que celui que nous avions connu jusqu’à aujourd’hui. Comme disait le Capitaine Bonhomme : « Les sceptiques seront confondus. » Ceux qui prédisaient la mort de l’exploitation agricole en région doivent devant les faits se rétracter. Puis, des ouvriers d’ici seront embauchés pour labourer à chaque année ces 1 000 âcres de terrain. Ils en feront ensuite le hersage, le nivellement puis réensemenceront … Et la roue tournera sans cesse, car il y aura toujours plus de bouches à nourrir sur la planète. C’est ce que les nouveaux propriétaires des terres de Palmarolle et d’ailleurs ont bien compris.