Le moulin Gagnon du Petit St-Étienne

René Duplessis, Journal Le Stéphanois, Saint-Étienne-Des-Grès

À l’âge de vingt ans, mon père connut ma mère qui, elle, en avait vingt-cinq. Ils se sont fréquentés à peu près un an et ce fut le grand amour. Ils s’épousèrent le 4 novembre 1913 à la chapelle du Père Frédéric sur la rue St-Maurice à Trois-Rivières.

Comme c’était la coutume dans le temps, les enfants arrivaient assez vite et ma mère est devenue enceinte un mois et demi après leur mariage ou à peu près. Elle donna naissance à une belle fille toute mignonne, ma sœur aînée Antoinette. Dans son jeune âge, on la surnommait Nénette. Antoinette possède des photos de quand elle était toute petite. La chanceuse, j’en suis presque jalouse car j’aurais bien aimé moi aussi avoir une photo de ma petite enfance. Deux ans plus tard, Henri est né. Mes parents étaient bien fiers de leur petit garçon.

Le trente et un juillet j’arrive. J’étais la troisième d’une famille de sept enfants. J’ai reçu le baptême à l’église Ste-Cécile aux Trois-Rivières et mes parrains et marraine furent ma tante Marie-Anne, la sœur de maman et son époux Adélard Deschamps. Ils m’ont donné le nom de Thérèse. Nous demeurions alors sur la rue Hertel aux Trois-Rivières.

Au début de leur vie en ménage, mon père était charretier avec des chevaux. Il conduisait les voyageurs arrivés aux Trois-Rivières par le train. Il était bien fier de ses attelages et il gagnait bien la vie de sa famille et s’enorgueillissait. Mais à un moment donné, les petits chars électriques, les autobus et les automobiles sont arrivés. Il a commencé à avoir moins de travail, donc moins de gagne-pain. En homme prévoyant, il s’orienta vers un autre métier.

C’était le progrès aux Trois-Rivières, mais aussi dans le bout des campagnes, comme à Saint-Étienne et à Saint-Barnabé. Des équipes d’hommes construisaient des chemins carrossables pour les autos; ça prenait donc quelqu’un pour charroyer de la gravelle.

Quand mon père a appris cela, il a vendu ses voitures fines et a acheté des voitures pour les gros travaux. Il s’est fait engager pour travailler à construire des chemins.

La famille, elle, demeurait toujours aux Trois-Rivières. C’était assez loin de Saint-Étienne et de Saint-Barnabé. Papa ne venait à la maison que la fin de semaine. À Saint-Étienne, nous avions tante Fridoline qui l’hébergeait pendant les jours de travail. Elle lui apprit que son beau-frère, Wilbray Lacombe, avait une maison abandonnée et qu’il pourrait peut-être nous la louer. Ce qui fut dit, fut fait. La famille déménagea dans le rang du Petit-Saint-Malo à Saint-Étienne-des-Grès. À nouveau réunie, la famille filait le parfait bonheur.

Quand j’avais un an, nous étions trois enfants : Antoinette, l’ainée, un frère Henri, le deuxième de la famille, et moi-même Thérèse. Henri est décédé à l’âge de trois ans. Dans la nuit précédant son décès, le médecin était venu à la maison parce qu’il y avait deux malades, Henri et moi, Thérèse. Le médecin avait dit à mes parents que je ne passerais pas la nuit. Je suis revenue à la santé mais Henri décéda presque tout de suite. (À suivre…)

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