Les cuisines ambulantes. Une alternative au fast food

Claudie Archambault, L’Itinéraire, Montréal

Les petites cuisines sur quatre roues ont quitté le paysage montréalais aussi rapidement que la canicule.

Depuis 1947, la Ville de Montréal permet aux cuisines ambulantes de faire goûter leurs petits plaisirs gustatifs à la population, mais uniquement durant la saison des festivals. La démocratisation de la cuisine de rue pourrait pourtant encourager les Montréalais à faire des choix plus «santé».

Selon des membres de Pas d’cochon dans mon salon et de La Mangeoire, deux camions-restaurants, Montréal aurait tout intérêt à rendre les truck food légaux. «La cuisine de rue, c’est l’expression pure de la cuisine locale», dit de manière éloquente Samuel Pinard, traiteur de Pas d’cochon dans mon salon. Selon Émilie Gauthier, membre de La Mangeoire, le fait qu’une ville aussi gourmande et gastronomique que Montréal ne bénéficie toujours pas de la diversité alimentaire et culturelle qu’offrent les cuisines de rue n’a aucun sens. «C’est malheureux de ne pas avoir de la bouffe de qualité servie rapidement au comptoir», dit-elle. En visite au parc Émilie-Gamelin, L’Itinéraire a observé que les gens semblaient apprécier cette nouvelle approche et le lunch frais qu’ils savouraient.

L'enthousiasme est moins présent chez l’Association des restaurateurs du Québec (ARQ ) qui perçoit les cuisines de rue comme des concurrentes. Selon Dominique Tremblay, agente d’information de l’ARQ , il est injuste que les camions restaurants s’installent dans les rues de Montréal pour suivre le flot des événements, alors que des restaurants payent des taxes très élevées pour avoir pignon sur rue.

Les membres de cuisines de rue interviewés par L’Itinéraire ne se perçoivent pas comme des compétiteurs. «Ce sont deux clientèles complètement différentes», déclare Samuel Pinard, aussi propriétaire du restaurant La Salle à manger. Selon lui, les gens qui mangent sur le pouce vont être susceptibles de se rendre au camion-restaurant, mais ceux qui désirent prendre leur temps et profiter d’un bon service vont choisir le confort d’un restaurant. «On risque davantage d’aller chercher la clientèle de McDonald ou de Subway», affirme pour sa part Émilie Gauthier.

 

NOUVELLE RÉALITÉ

La cuisine de rue fait partie intégrante du décor de plusieurs grands centres urbains dans le monde. «Ça fait maintenant quatre ans que le phénomène a explosé au niveau international, sauf que nous, à Montréal, sommes retardataires», déclare d’un ton dénonciateur Émilie Gauthier. En effet, Montréal et Québec font partie des rares villes en Amérique du Nord où la bouffe de rue est illégale.

À l’époque, la Ville de Montréal avait déclaré illégale la cuisine de rue principalement pour des raisons sanitaires. «Aujourd’hui, la réalité n’est plus la même», dit clairement Samuel Pinard. Ces petites cuisines ambulantes sont soumises à la même réglementation qu’un restaurant en matière d’hygiène et elles doivent en plus détenir une cuisine de production pour garder et préparer les aliments. Le conseil municipal donnera suite au débat au début septembre.

Alors que New York est reconnue pour son offre abondante de stands de cuisine de rue tous plus alléchants les uns que les autres, plusieurs autres villes américaines
n’ont rien à envier à la grosse pomme. C’est le cas de Portland, en Oregon, où les sautés thaïlandais, les burritos mexicains, les soupes tonkinoises et les spécialités
allemandes compétitionnent sur le bitume au grand plaisir des passants affamés. une telle offre s’inscrirait tout naturellement dans le paysage montréalais, déjà reconnu pour sa créativité culinaire et sa population foodie! (s. e.)

classé sous : Non classé