Expérience inoubliable pour Marie-Ève Lavoie en terre étrangère

Sylvie Gourde, Le Tour Des Ponts, Saint-Anselme

C’est la tête et le cœur remplis d’idées nouvelles et d’images inoubliables qu’elle raconte cette expérience vécue grâce à Amitié-Haïti-Lévis, un organisme de coopération internationale fondé en avril 1991par des employés du cégep de Lévis-Lauzon. «À peine revenue chez moi, j’éprouvais une certaine culpabilité de constater tout ce que nous avons en abondance ici, alors qu’ailleurs, la pauvreté burine le destin de tant de gens.

J’étais outrée de voir des personnes arroser leur asphalte. Quel gaspillage d’eau lorsque l’on réalise, qu’à l’autre bout du continent, il faut parcourir de grande distance pour s’approvisionner en eau potable.

J’ai mis sérieusement l’épaule à la roue pour changer mes habitudes de consommation et cultiver la gratitude.» Ils sont une équipe de neuf personnes à atterrir à Port-au-Prince pour un stage de deux semaines. À peine débarquées de l’avion, la chaleur et la pollution envahissent leurs sens.

Le petit contingent grimpe dans l’autobus et roule en direction de Jacmel. Un camion renversé sur la route, avec sa cargaison de barils de rhum, prolonge la durée du périple et amuse les badauds de la scène inusitée.

Puis, la troupe découvre le petit village de Saint-Antoine de Lavanneau. Confrontée à l’épreuve du réel, l’expédition laissera des marques indélébiles dans le cœur de ces jeunes ouverts à la compassion.

Marie-Ève est impressionnée par les hommes et les femmes qu’elle côtoie. «Ils sont accueillants, chaleureux, attachants et inspirants par leur résilience, leur courage, leur

bienveillance à collaborer avec nous. Ils sont gentils, courtois et si généreux.»

Au cours de la vingtaine d’années de son existence et à travers la trentaine de projets menés par Amitié-Haïti-Lévis, en Haïti d’abord puis également en République dominicaine, l’aide humanitaire s’arrime sur des projets concrets afin d’améliorer la qualité de vie de la population au niveau de la santé et de l’éducation.

Le projet 2012 se définit en trois volets. Les premiers efforts sont déployés afin de distribuer des arbres fruitiers (cocotiers, orangers, cerisiers, manguiers) à des familles et dans des écoles primaires.

Sachant que le déboisement constitue un important problème en Haïti, le don d’arbres fruitiers que les gens ne couperont pas favorisera la reforestation de la région et bénéficiera aux familles comme source d’alimentation et de revenus.

C’est avec enthousiasme que la petite équipe, aidée des ti-mounes (enfants) ont repiqué et arrosé les jeunes plans.

Parallèlement à cette activité, les stagiaires ont construit deux latrines publiques afin de contrer la propagation du choléra. La région vallonnée obligea les charpentiers à faire une chaîne humaine pour transporter les matériaux de la vallée à l’école Kindergarden, nichée en montagne. Cette école primaire a été grandement dévastée lors du séisme du 10 janvier 2010.

Marie-Ève et ses compagnes ont également organisé des ateliers de confection de serviettes hygiéniques réutilisables. Plusieurs moments d’échange et de visites culturelles ont évidemment ponctué le séjour.

Ces projets humanitaires sont mis en œuvre par Amitié-Haïti- Lévis afin que des étudiants aient le privilège de vivre une initiation à la coopération internationale et une immersion culturelle sur l’île d’Hispaniola. Ces stages sont précédés d’une formation d’une trentaine d’heures sur différents aspects de la réalité du pays et de la vie de groupe. La préparation est complétée par des activités de financement qui, en plus d’amasser les sous nécessaires au périple, favorisent le développement d’un esprit de groupe indispensable au partage communautaire. Les stagiaires, tout comme les accompagnateurs, doivent défrayer le coût de leur transport aérien, des vaccins requis, de leur assurance voyage ainsi que du passeport.

Chaque stage est précédé d’une mission préparatoire afin de finaliser les arrangements et préparatifs reliés au projet. Bon an mal an, environ une dizaine d’étudiants et d’étudiantes participent aux divers projets de coopération. Forts de la popularité et de l’enrichissement personnel et professionnel que l’expérience génère, ils seront ainsi, en juin dernier, quatre garçons et quinze filles, répartis sur deux groupes, à relever le défi.

Outre le goût suave de la mangue et de la grenade imprégné sur ses papilles, Marie-Ève rapporte dans ses bagages mille et une impressions. «Je ne pensais pas que les paysages étaient aussi beaux, portés d’une montagne à l’autre. Le contact avec la population locale, l’extrême générosité de ce peuple attachant, le décalage entre la ville et les montagnes, le travail de synergie accompli par l’équipe de Québécois et d’Haïtiens, la langueur du pays, la fête au village, les amitiés tissées, la beauté et l’attachement des ti-mounes, spécialement mes petites protégées Stéphanie et Kedna, tout cet enchevêtrement de sensations et de sentiments m’ont donné la piqure pour d’autres projets humanitaires.»

Nul doute que cette expérience en sol haïtien donnera un sérieux coup de barre à Marie-Ève qui entamait, en septembre dernier, un programme d’études en Ethnologie et patrimoine à l’Université Laval. Belle et longue route sur les chemins de pieds qui sillonnent la planète !

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