LE FEU QUI BRULE DEPUIS 10 ANS

Mathieu Champagne, Le Journal Mobile, Saint-Hyacinthe

Dimanche soir, le Zaricot est plein, pas moyen de s’asseoir, à l’intérieur, du moins. Et le fond du bar est même éclairé. On peut se rendre aux toilettes sans lampe de poche. Pourtant, les gens n’ont pas l’habitude d’être sorteux durant le jour du Seigneur. Surtout s’ils travaillent le lendemain. C’est peut-être la Fête du Travail? Mais non. Chaque fois que les Enfants du feu montent sur scène, le bar se remplit sans souci. Mieux vaut se présenter tôt pour avoir une table.

Les Enfants du feu, c’est un show d’improvisation inspiré d’un concept adapté pour la télévision américaine. La formule est plutôt hors du commun dans le domaine. Le tout dure au moins deux heures. Des comédiens doivent se prêter à des jeux très variés, autant en genre qu’en nombre, qui les amèneront à exploiter plusieurs facettes de leur talent. Ils se mettent souvent les pieds dans les plats puisque les jeux sont conçus pour être comiques. En fait, c’est de voir comment ils s’en sortent qui est intéressant. C’est simple. Un animateur explique les procédés à l’auditoire et s’assure de garder une cohésion entre le public et le spectacle en sollicitant sa participation. Comme un talk-show, il y a un musicien maison qui improvise des bouts de pièces musicales entre les jeux. Lorsque la candeur des jeux d’improvisation se heurte à l’imagination pervertie des comédiens afin que ceux-ci puissent sortir de l’impasse, la salle au complet rit à gorge déployée. Néanmoins, il arrive parfois que les acteurs se retrouvent dans un cul-de-sac. L’animateur sonne alors la cloche et c’est sur la scène qu’on rit.

Il ne faut pas se buter au terme «improvisation». L’équipe des Enfants du feu est très bien rodée. Les comédiens ont des réflexes bien adaptés pour faire réagir les gens. Même pour quelqu’un qui ne connait rien du domaine de l’improvisation, l’expérience des comédiens est quelque chose de facilement perceptible. C’est une des raisons pour lesquelles les Enfants du feu en sont à leur dixième saison.
Les Enfants du feu montent sur la scène du Zaricot deux dimanches par mois, de septembre à mai, depuis 2002. Le deux septembre dernier c’était le lancement de leur dixième saison. Une telle récurrence voudrait que les gens passent à autres choses après dix passées au même endroit; avec la même formule et ainsi de suite. Mais le public maskoutain les suit religieusement.

Sur fond d’élections provinciales, la soirée du 2 septembre a attirée quelques candidats et élus du gratin politique maskoutain. Richard Gingras de Québec Solidaire et Marie-Claude Morin député néo-démocrate, qui représente Saint-Hyacinthe à Ottawa, étaient présents dans l’assistance. Ils ont eu droit à un débat des candidats improvisé qui mettait en scène des pancartes électorales de chacun des aspirants au poste de député provincial de Saint-Hyacinthe. Les comédiens avaient à faire bouger la bouche découpée des visages qui se retrouvaient sur lesdites pancartes pour répondre aux questions de l’animateur. C’était hilarant. Surtout avec les interventions de François Legault qui, sur chaque pancarte, se retrouve tout juste derrière la représentation de ses candidats. On préfère également ne pas connaître la provenance des pancartes.

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