Festival Échofête : une réussite malgré la controverse

Marjolaine Jolicoeur,  l’Horizon Presse Coopératives des Basques, Basques

La polémique entourant la tenue du festival Échofête ne devrait pas faire oublier que cette 10e édition a connu un beau succès populaire. Après des thèmes comme les changements climatiques, l’écocitoyenneté ou la souveraineté alimentaire, la thématique de cette année se consacrait à « 10 ans d’alternatives ».

La température aidant, les rues de Trois-Pistoles étaient grouillantes de monde pendant les cinq jours de ce festival environnemental connu dans tout le Québec. Spectacles, conférences sur la simplicité volontaire ou les impacts sociaux et environnementaux du Plan Nord, yoga, cérémonies amérindiennes sacrées, peintures, danses créatives et activités sportives, il y en avait pour tous les goûts, pour les jeunes et les moins jeunes.

Une grande place a été faite aux enfants qui ont créé des murales et assisté à des spectacles de cirque ou de théâtre. Les spectacles de Vulgaires machins, GrimSkunk ou Vincent Vallières ont attiré des foules record. À certains spectacles, on dénombrait plus de 2 000 personnes.

Échofête dispose d’un budget de 120 000 $ et, selon les organisateurs, s’autofinance à 65 % tout en visant une complète autonomie financière dans les années à venir. Près de la moitié des personnes participant aux activités proviennent de l’extérieur du Bas-Saint-Laurent, ce qui apporte des retombées financières importantes pour toute la communauté de Trois-Pistoles.

 

Controverse

Rappelons brièvement qu’Echofête s’est retrouvé au cœur d’une controverse impliquant des élus et des bailleurs de fonds qui dénonçaient la politisation de l’événement suite à la présence de Gabriel Nadeau-Dubois, un des leaders de la contestation étudiante.

Un atelier sur la désobéissance civile avait aussi été prévu en marge du festival par le Moratoire d’une génération, un organisme demandant comme son nom l’indique, un moratoire sur l’exploration et l’exploitation du gaz de schiste. L’atelier – qui n’avait reçu aucune aide financière d’Échofête – a finalement été annulé.

La venue de Gabriel Nadeau-Dubois – non défrayée elle aussi financièrement par Échofête – a aussi déplu à certains qui l’ont décrit comme « une activité partisane?». Dans une lettre envoyée aux médias, le maire de la municipalité de Trois-Pistoles Jean-Pierre Rioux expliquait qu’il avait «?avisé les membres du Conseil présents lors d’une récente réunion, des plaintes reçues par des citoyens, et unanimement, pour eux, la tenue de ces ateliers n’avait pas sa place. Si les organisateurs de l’Échofête ont à cœur le respect de l’environnement, ils doivent l’avoir avant aussi pour une partie de la population qui ne partage pas les mêmes valeurs et orientations politiques. »

 

Un communiqué signés par élus et organismes

Adressé aux médias et relatant une rencontre avec le président de l’Echofête Mikaël Rioux, on pouvait lire dans un communiqué signés conjointement par Jean-Pierre Rioux, Jean-Louis Gagnon de la Caisse Desjardins de l’Héritage des Basques, Bertin Denis de la MRC des Basques, Jacques Roy de la SADC, Jérôme Rouleau du CLD et Jean-Marie Lafrance maire de Notre-Dame-des-Neiges : «?Unis d’une même voix, les partenaires expriment leur réserve quant à la politisation que prend le festival. Certaines activités présentées apparaissent aux yeux des partenaires déborder de loin les questions environnementales pour lesquelles l’organisme reçoit du soutien financier. (…) De ce constat, c’est unanimement que les partenaires s’entendent pour dire qu’ils ne peuvent admettre que des subventions en provenance de fonds publics servent à promouvoir quelques positions partisanes que ce soit, positions qui de plus débordent de la mission première de l’évènement et de l’organisme. »

Par la suite Jean-Louis Gagnon s’est rétracté en révélant que le communiqué avait été signé à titre personnel et non au nom de la caisse.. La Caisse Desjardins de l’Héritage des Basques a pour sa part tenu à préciser « qu’elle avait toujours favorisé la liberté d’expression et respecté la plus grande neutralité dans tout débat de société, par respect pour ses membres dont les opinions sont variés.»

 

Échofête a tout de même lieu

Le festival environnemental a finalement eu lieu ailleurs que sur un terrain appartenant à la ville de Trois-Pistoles près du fleuve, soit dans la cour du Caveau-Théâtre et à la Forge à Bérubé. Lors d’un point de presse, le conseil d’administration de Mandaterre, l’organisme derrière l’organisation du festival environnemental, a défendu sa position sur la venue de Gabriel Nadeau-Dubois en déclarant que « l’éducation fait partie de notre mission et devant les nombreux défis qui attendent les générations futures sur le plan social et environnemental, nous croyons fermement qu’elle est le pilier sur lequel nous devrons construire les bases d’un monde meilleur. »

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