Do you speak english?

Ginette Plante, L’Attisée, Saint-Jean-Port-Joli.

L’anglais, langue en­nemie, à la fois at­trayante, captivante, envahissante et repoussée. Ap­prendre une autre langue, c’est apprendre à écouter, à lire, à parler, à s’exprimer jusqu’à penser spontanément dans les mots, les règles de gram­maire, la syntaxe de celle-ci.

J’ai toujours entretenu un rap­port attirance/résistance face à la langue anglaise. J’aurais aimé la parler couramment, comprendre les textes des chansons, le contenu des ?lms, des émissions de télé. J’aurais aimé aussi pouvoir commu­niquer au-delà des échanges d’usage lors de voyages, de rencontres. Je suis curieuse de cette culture anglo-saxonne, de toute cette information qui circule sur le web. Pour moi, l’anglais est la langue du com­merce, de l’argent, de l’éco­nomie, des communications scienti?ques… et de tellement d’artistes. Souvent, elle me sonne à l’oreille comme mu­sique, amusement, divertisse­ment; toute cette culture musi­cale qui a envahi et bercé ma jeunesse avec ses mots en an­glais que je ne comprenais pas mais qui m’a fait danser.

En même temps, une partie de moi se tend, se braque, s’oppo­se lorsque j’entends l’anglais. Elle est la langue du vain­queur, du conquérant, du do­minant. Je refuse de la parler lorsque je vais à Montréal. Je me dis que la langue of?cielle du Québec, c’est le français et que dans sa métropole, on se doit de me parler en français. Nulle part, je n’ai été obligée de recourir à l’anglais pour des services même si parfois le français était approximatif. J’avoue me rendre rarement dans les secteurs plus anglo­phones comme Westmount, Côte-Saint-Luc, Hampstead, Dorval…

Je pense que c’est une richesse de parler plusieurs langues et un excellent moyen d’arriver à se comprendre en abolissant ces barrières entre les humains. Une équipe de psychologues de la recherche d’Ellen Bialystok de l’Université York de Toronto est même arrivée à la conclusion que : « parler deux langues retar­derait la maladie d’Alzheimer. Les cerveaux des personnes bilingues fonctionnent mieux et plus longtemps. Le bilinguisme protégerait les personnes âgées même lorsque la maladie a com­mencé à toucher les fonctions cognitives ».

Je souhaite que tous les jeunes puissent devenir au moins bi­lingues lors de leur scolarisa­tion et que ce ne soit plus le pri­vilège des familles ayant assez d’argent pour les envoyer dans des camps linguistiques ou des programmes enrichis dans certaines écoles. Les bourses du Programme Explore pour l’apprentissage d’une langue seconde devraient être plus publicisées auprès des jeunes ayant complété leur 5e secon­daire. Quant à moi, je n’ai pas de facilité avec les langues, cela me demande des efforts. Depuis un an, je me suis jointe à un groupe de conversation anglaise et j’y prends plaisir. Peut-être qu’après, ce sera l’espagnol. À suivre …

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