Notre petit cheval de fer menacé d’extinction

Aude Provost, Le Journal des citoyens, Prévost

Grâce à un périple de 4000 km, le documentaire Lalégende du cheval Canadien, réalisé par Louise Leroux etRichard Blackburn, a pour but de redonner sa juste placeà cette race en péril.

Partis de Québec, Richard Blackburn et ses deux chevaux, Hannah et Galopin, se sont rendus au Texas afin de remettre 50 échantillons d’ADN de chevaux Canadiens au docteur Cothran, afin de prouver l’origine de celui-ci comme premier cheval du continent nord-américain.

Descendant des chevaux du roi

Nommée race patrimoniale du Canada en 2002, elle serait la première descendante des meilleurs chevaux du roi qui furent amenés en Nouvelle-France pour aider les colons dans leur tâche de civilisation du nouveau continent. Ce petit cheval, à la fois fort et compact, était remis en liberté l’hiver et recapturé au printemps afin de tirer les charrettes et d’aider aux travaux agricoles. Ce n’était que les spécimens les plus dociles qui revenaient et c’est ce qui lui confère ce tempérament. Ces chevaux constituent une part importante de notre patrimoine historique et culturel, et c’est suffisament important pour convaincre ces deux passionnés, Louise et Richard, d’empêcher l’extinction du cheval Canadien, le petit cheval de fer.

De passage à Prévost

Le samedi 23 juin, les Prévotois ont pu admirer trois magnifiques spécimens de la race Canadienne. Galopin et Hannah, les deux étoiles du reportage, de même que Tacha, la fille de Hannah. Ils étaient présents afin de faire connaissance avec les familles qui se sont présentées nombreuses sur le perron de l’église Saint-François-Xavier.

Selon monsieur Blackburn, le seul moyen de sauver les chevaux Canadiens est de relancer le programme d’élevage, qui devra être soutenu par le gouvernement provincial. Car malgré l’existence d’une banque cryogénique d’ADN de chevaux Canadiens, les quelque 2500 qui restent de la population initiale de 15000 têtes, ne sont pas suffisants pour sauver la race de l’extinction. Comme l’a si bien dit André Auclair dans le documentaire, « il faut utiliser notre cheval pour savoir ce qu’il a offrir!»

La naissance d’une passion

Enfant, Richard Blackburn a grandi sur une ferme, où il a entendu parler pour la première fois du cheval Canadien. Ainsi, lorsque ses filles commencèrent l’équitation, il fit des recherches sur cette race dont il avait entendu parler très brièvement. Voyant qu’elle remplissait tous les critères, Galopin est entré dans la famille. Avec ses recherches, monsieur Blackburn apprit que la race était en voie d’extinction. L’ancien professeur et historien du Canada se sentit immédiatement interpellé. Son envie de s’impliquer et de faire sa part pour sauver la race était née. Ce cheval était associé à l’héritage canadien-français et a fait l’objet d’un déni lors de la conquête anglaise.

Pour Brian Youg, enseignant en histoire à McGill, Richard Blackburn as trouvé un trou noir dans l’histoire du Canada et du Québec. Car comme disent les anglophones : «history is written by the winners » et le cheval Canadien est un cheval qui venait de France – la Nouvelle- France ayant été conquise par l’Angleterre, la race est tombée dans l’oubli.

Neuf personnes sur dix croisées dans la rue ne connaissent même pas son existence – la police montée canadienne utilise des hanovriens et n’a jamais utilisé le cheval Canadien – la monnaie royale canadienne n’a pas encore de pièce à l’effigie du cheval, alors qu’elle a fait toute une série sur les signes du zodiaque chinois. En 2015, cela fera 350 ans que Louis XIV a envoyé ses meilleurs chevaux en Nouvelle-France.

Le documentaire a été le médium choisi par ce cowboy moderne pour informer la population sur différents enjeux. Animé par le désir de créer de l’extraordinaire afin de soutenir la cause du cheval Canadien, il a imaginé ce périple de 4000 km au terme duquel il remettrait les échantillons d’ADN au docteur Cothran, chef du laboratoire équin du A&M Texas University, pour l’analyse et l’inclusion dans l'établissement d'une carte génétique équine nordaméricaine. Ces analyses ont permis de démontrer la présence de ce cheval dans les lignées de la plupart des chevaux nord-américains, dont le réputé cheval Morgan.

Shoot films, l’histoire

En 1998, Richard Blackburn et Louise Leroux ont cofondé la seule maison de production des Laurentides, auquel s’est greffé un service technique de post-production complet – Studio Morin- Heights. La légende du cheval Canadien est leur quatorzième production en huit ans d’existence. Rappelons qu’ils ont traité de sujets aussi diversifiés que l’équité intergénérationnelle, le développement économique régional et les politiques agro-alimentaires.

Ce film a été présenté en primeur au ciné-club de Prévost. «Nous avons fait cette activité expressément pour le ciné-club de Prévost, parce que nous sommes des cinéastes de la région », indique Louise Leroux. Le documentaire sera présenté sur les ondes de Radio- Canada le 21 décembre à 21 h et le 23 décembre à 14 h.

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