Daniel St-Onge, Regards, Ascot (Sherbrooke)
Ion Vincent Danu est un peintre au style qui ne laisse personne indifférent. Celui que les gens de Sherbrooke appellent familièrement Danu tente de vivre de son art, nonobstant les difficultés et les fins de mois parfois difficiles. Comme le dit l’expression « ce n’est pas facile la vie d’artiste ». Danu avoue qu’il a toujours été fasciné par Van Gogh et son oeuvre, qu’il dit être son mentor. Comme lui, il s’obstine à peindre coûte que coûte, malgré les embûches de la vie. Mais aussi parce qu’il sait que sa femme Norica et ses trois enfants le soutiennent. D’ailleurs, cette dernière est aussi peintre, spécialisée dans les icônes orthodoxes.
Avec sa famille, Ion Vincent Danu a quitté son pays d’origine, la Roumanie, en 1998 pour venir s’établir à Sherbrooke. Il dit se plaire ici parce qu’il y voit beaucoup d’affinités avec sa ville natale de Sibiu. C’est là-bas qu’il développa son amour pour les arts. Peu après son arrivée à Sherbrooke, il a étudié en arts visuels à l’Université de Sherbrooke, puis en arts plastiques à l’Université Bishop. Depuis une dizaine d’années, il est professeur d’expression artistique au Centre intercommunautaire Quatre-Saisons.
Cependant, c’est en tant que peintre de la rue qu’il est le plus connu des Sherbrookois. Qui ne l’a pas vu à l’oeuvre derrière sa petite table, béret sur la tête, au milieu de ses palettes de couleurs et de ses pinceaux, croquant sur le vif un enfant ou un adulte ébahi lors de la Familifête ou de Voisinage en fête?
Le médium de prédilection de Danu est l’aquarelle. Bien qu’il touche à diverses thématiques, il affectionne tout particulièrement le portrait sur le vif, en quoi il excelle. Si son style particulier peut s’apparenter à la caricature, lorsqu’on y regarde de près, chacun de ses portraits traduit l’essence du personnage, sa sensibilité et son caractère propre. Par ses traits vibrants de plume et du pinceau, Danu sait mieux que quiconque déceler « l’âme » du personnage. À ce sujet, le peintre raconte une anecdote éloquente: « Un jour, je fis le portrait d’une dame. En voyant le résultat, celle-ci éclata en sanglots, prise d’une forte émotion, comme une vision d’elle qui lui était révélé soudain et qu’elle n’avait jamais soupçonnée. »
En 2007, Danu se méritait une bourse de la Ville de Sherbrooke pour un projet intitulé Gens de Sherbrooke, via lequel il a réalisé une série de portraits de citoyens de tous âges, origines ou professions. Dans le même optique, le peintre aimerait joindre cette collection à une série de portraits qu’il souhaiterait réaliser dans sa ville natale de Sibiu, pour former un projet plus élargi intitulé Gens de Sherbrooke et d’ailleurs. Son but : montrer nos affinités et similitudes comme humains, même si nous vivons dans des mondes différents.