Entendre des voix

Eric Morasse, Le Bulletin des Chenaux, Sainte-Geneviève-de-Batiscan, le 20 juin 2012

Le 6 juin dernier une soixantaine de personnes étaient réunies i la Sucrerie Boisvert de Saint-Stanislas pour un dîner bien spécial. Dans le cadre de la Semaine québécoise des personnes handicapées, l'Association locale des personnes handicapée (ALPHa) des Chenaux organisait un dîner «Entendeurs de voix».

La réalité des personnes qui entendent des voix n'est pas facile à appréhender. «Avant de vous dire ce que l'on vit, on va vous le faire vivre, disait d'entrée de jeu l'animateur de l'activité, monsieur Gaétan Legault, responsable d'un groupe de soutien pour les entendeurs de voix, à Trois Rivières.

En équipe de trois, deux personnes tiennent une discussion banale, pendant que la troisième personnifie les « voix »  en lisant un texte à l'oreille d'un participant, puis on change de rôle. Trois types de voix ont été expérimentées : les négatives, les neutres et les positives. L'expérience peut sembler anodine, mais elle permet tout de même de se mettre, de façon superficielle, dans la peau d'une personne qui entend des voix. Les réactions aux types de voix ne sont pas les mêmes. Elles sont parfois dérangeantes émotionnellement, dans le cas des négatives notamment. Dans tous les cas, il .est très difficile de se concentrer sur une conversation lorsqu'une voix s'adresse à nous. Il est aussi difficile d'en faire abstraction.

Avec cette activité, on n'a fait qu'aborder la réalité des personnes qui entendent des voix. Bien souvent, ces personnes reçoivent un diagnostic de schizophrénie ou autre trouble de santé mentale, ce qui n'est pas toujours aussi simple. En général donc, on traite les voix comme un symptôme qu'on essaie de faire disparaître, ce qui ne réussit pas toujours.

Depuis 25 ans en Europe et depuis 5 ans chez nous, on tente une nouvelle approche pour permettre aux personnes de mieux vivre avec leurs voix. Sans se substituer aux traitements conventionnels, des groupes se sont formés, le premier étant celui du Pavois à Québec, où l'on propose aux personnes de gérer leurs voix.

« On ne nie pas la réalité des voix Il, explique monsieur Legault qui a lui-même participé au groupe du Pavois pendant trois ans avant de fonder le groupe de Trois-Rivières. Celui qui vit avec ses voix 24 heures sur 24 est bien à même de constater l'efficacité de l'approche. « Les voix sont réelles pour la personne qui vit avec. En en tenant compte, on peut arriver à diminuer leur influence. »

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