Les Tireux d’Roches ricochent à Trois-Rivières

Matthieu Max-Gessler, La Gazette de la Mauricie, Trois-Rivières, juin 2012

Fondé en 1998, le groupe mauricien Les Tireux d’Roches ne s’est jamais confiné aux frontières de la région. Entre une tournée dans les provinces maritimes et une autre en Europe, le sextuet aura le plaisir de participer cette année au spectacle de la Fête nationale, à Trois-Rivières. Retour sur les accomplissements de ce groupe «trad», bientôt 15 ans après sa création.

Le 23 juin prochain, des revenants viendront brûler les planches de la scène de la Fête nationale, à Trois-Rivières. Revenants non pas parce qu’ils ne jouent plus, mais plutôt parce qu’il y avait 10 ans que Les Tireux d’Roches n’avaient pas fait de prestation dans leur contrée natale dans le cadre de l’événement. «On a fait beaucoup de spectacles de la Saint-Jean depuis 10 ans, mais on était peu demandé à Trois-Rivières, explique Denis Massé, membre fondateur, chanteur et accordéoniste du groupe. Alors on est très content de revenir jouer dans notre patelin!»

Depuis sa création, en 1998, le groupe a parcouru bien du chemin et même franchi un océan. Après avoir fait sonner sa musique aux quatre coins du Québec, le sextuet s’est aussi produit dans d’autres provinces canadiennes et en Europe. Après une tournée en Allemagne ce printemps, Les Tireux d’Roches traverseront à nouveau l’Atlantique à l’automne pour swinger la bacaisse en Espagne, en France et en Belgique. «On a même des demandes pour aller jouer en Malaisie!» s’exclame Denis Massé.

Si le groupe a traversé les frontières de la Belle province, il n’en reste pas moins bien enraciné en Mauricie. «J’habite toujours à Saint-Sévère et c’est ici que la création et nos pratiques se font, confirme Denis Massé. Sur les six, on est cinq originaires de la Mauricie. Il y en a du talent, chez nous!» La formation trad a d’ailleurs déjà compté Fred Pellerin dans ses rangs. La principale source d’inspiration de Denis Massé coule, elle aussi, de source. «Je trouve que la rivière Saint-Maurice est fondamentale dans l’histoire de la Mauricie. Elle est majestueuse et elle raconte toutes sortes d’histoires de draveurs et de bûcherons. J’aimerais un jour faire un disque et des spectacles à la base d’histoires issues de cette rivière.»

Un défi que le musicien, à l’origine conteur, ne devrait avoir aucun mal à relever. En effet, le conte fait partie intégrante des chansons et des spectacles des Tireux d’Roches depuis la création du groupe. «Les thématiques entre les contes et les chansons se recoupent, explique Denis Massé. Dans un conte, tu dois structurer ce que tu as à raconter pour dire des choses intelligentes. Dans une chanson, ça fait une chanson plus intelligente! Ça rend aussi le spectacle plus intéressant, mais il faut trouver un équilibre entre les deux.»

Si le talent ne manque pas en Mauricie, Denis Massé croit que les artistes doivent sortir davantage de la région. «C’est propre à toutes les régions, les artistes ont du mal à se produire à l’extérieur de chez eux. Mais malheureusement, si tu ne passes pas par Montréal, encore aujourd’hui, tu n’existes pas. Et même une fois que tu as fait le tour des 20 ou 25 petites salles intéressantes de la province, ça ne suffit pas pour vivre de ce métier.» Sans ses concerts à l’étranger, le Tireux croit d’ailleurs qu’il ne pourrait pas se consacrer entièrement à sa passion.

Denis Massé invite également les artistes à se servir des nombreux outils qui ont été créés spécifiquement pour les aider à rayonner. «Au Québec, il y a beaucoup de structures pour favoriser les artistes, on est très gâtés, affirme-t-il. Mais ils ne les utilisent pas assez! De plus, ils ne revoient pas assez souvent leur démarche artistique, qui est comme leur plan d’affaires. Il faudrait la refaire aux quatre mois, ça aide vraiment à voir où tu veux aller.» S’il attend de voir la relève musicale mauricienne prendre son envol, Denis Massé ne compte cependant pas ranger son accordéon de sitôt. «Les Tireux, c’est une belle bébelle, une gang colorée, on est toujours content de se revoir. Je suis très heureux de voir ce que ce projet a donné et je compte bien continuer jusqu’à 72 ans!»

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