Normand Gagnon, Autour de l’île, l’Île d’Orléans, mai 2012
Samedi, 5 mai 2012, 9 heures. Une file de voitures s'allonge sur la route des Prêtres, de
l'avenue Royale jusqu'au Logisport, 500 mètres plus loin. Un accident? Non, les citoyens
de l'île sont déjà à ce rendez-vous initié par les comités Environnement de Saint-Laurent
et de Saint-Pierre et par la responsable du Plan de gestion des matières résiduelles de
la MRC, Mélissa Poirier.
Le bouchon s'explique par l'accueil personnalisé que chacun des 230 automobilistes
a reçu à son arrivée. Une véritable fête foraine: une petite tente est dressée près de
l'entrée du stationnement du Logisport; des tables spécialisées y sont alignées afin de
recevoir ces objets dont on ne sait plus quoi faire, mais qui présentent un fort potentiel
de récupération: vêtements, articles de sport, matériel audiovisuel et électronique, petits
appareils ménagers, pneus, etc. Le soleil est aussi de la partie.
L'atmosphère est joyeuse: on peut se défaire de vieilleries ou d'encombrants, mais aussi
faire sur place et gratuitement le plein d'objets auxquels on donnera une deuxième vie
comme cette bicyclette presque neuve, des DVD ou VHS pour les enfants, des vinyles
aujourd'hui très recherchés. La réponse du public « a été bien au-delà de nos attentes »,
selon Mélissa Poirier qui ajoute qu'en cours d'année « on encourage les gens à se
tourner vers les écocentres de Québec, les quincailleries, les friperies, etc., [et] on les
invite aussi à faire l'achat d'articles usagés […] afin d'encourager la filière du réemploi.
L'achat de biens de qualité peut également être une bonne option (meuble en bois au
lieu de mélarnine, piles rechargeables, etc.». Elle souligne égaIement que l'achat de
biens de courte vie constitue un sérieux défi au niveau de l'utilisation des ressources, de
la gestion des matières résiduelles et de l'environnement.
Une réponse de taille, si on en juge par les quantités récupérées: trois camions de
matériel électronique (environ 13 tonnes) remis à CTOU informatique qui réutilise les
pièces; deux camions de pneus (environ cinq tonnes) que Pneus dépôt convertira en
tapis de caoutchouc; 50 boîtes de livres destinés à la Fondation François-Lamy, près de
300 gallons de peinture que recyclera Peinture Laurentides, 10 grosses boîtes de jouets
que revendra Réno-Jouets, quelques centaines de sacs de vêtements qui seront remis
en circulation par le Comptoir de partage et Agapé, des centaines de piles remises à la
Fondation Mira, etc. L'opération n'aurait pas connu un tel succès sans la participation
de nombreux bénévoles, de la Maison des jeunes, d'élus, des récupérateurs et de
plusieurs partenaires comme PluMobile, la MRC, Alimentation Spence et la pharmacie
Pierre Perreault qui y sont allés de contributions visant à soutenir et à encourager la
participation.
Il semble que cette première ne sera pas sans suite. «On espère répéter l'événement
l'an prochain », nous dit Josée Côté, coordonnatrice de cette heureuse initiative et
conseillère municipale à Saint-Laurent. Initiative à encourager surtout quand on sait les
coûts financier et environnemental de l'enfouissement ou de l'incinération de certains «
déchets» qui, s'ils sont récupérés, peuvent non seulement rendre encore de bons
services, mais aussi diminuer utilisation des ressources non renouvelables.