Les Hommes-des-bois

Marc-André Lévesque, L’Horizon, MRC des Basques, mai 2012

Le 29 avril à La Forge à Bérubé, les Samedis de conter ont commencé par une rencontre entre mythe et réalité. Le mythe des colosses, véritables « carrés de muscles » devenus forestiers, capables de se « soulever eux-mêmes de terre tellement leur force était grande », selon le conteur Marc-André Fortin. La réalité des derniers bûcherons ayant vécu la misère des camps et aussi leur déclin, selon le film Hommes-des-bois présenté ce soir-là. Deux belles parties d’une soirée pour se remémorer, pour ne pas oublier, que les ressources du Nord n’étaient pas les nôtres. Les contes comme les témoignages « sont là pour nous rappeler ce que nous étions », mentionnera le réalisateur du film, Simon Rodrigue.

Marc-André Fortin fait la tournée des spectacles au Québec et ailleurs. La semaine dernière, il était à Edmundston, en première partie d’Hommes-des-bois.« Je vis de mon métier depuis maintenant six ans, pas richement, mais je suis heureux de faire ce que j’aime », nous dira-t-il. Ses contes sont comme un patchwork de légendes anciennes. À l’été 2011, il a participé aux Grandes Gueules avec un groupe de conteurs de la relève où il a présenté un numéro sur les mots qui deviennent des étoiles au firmament après nous avoir livré leurs secrets. À la Forge, il a recréé pour nous une fresque de ces hommes forts, souvent forestiers : « Il fallait l’être pour vivre cette vie en forêt » et pour « lancer si fortement le canot rempli de bûcherons pour lui faire parcourir des contrées étrangères ».

Le film Hommes-des-bois s’inscrit dans cette tradition typiquement québécoise des documentaires racontant la vie des gens, comme Pierre Perreault l’a exprimé pour l’Île-aux-Coudres. Les différents tableaux sont séparés par une bande dessinée qui vient ajouter des strates à l’histoire des chantiers. Tout y est méticuleusement organisé : les premiers chantiers pour les jeunes, l’outillage, les patrons souvent anglais, l’ennui, la vie quotidienne, la cuisine, la nécessité d’un revenu de chantier, etc. Le film est très bien mené, l’image est sobre, minimaliste mais très efficace. La musique soutient très bien l’image et les participants y sont fort crédibles. Ils se racontent sans chichis.

Cette soirée s’est avérée une bonne introduction à la nouvelle saison des Samedis de conter qui se dérouleront jusqu’à la fin novembre. Le prochain spectacle aura lieu le 26 mai dans le cadre des journées d’Afrique avec Bebetto Lonsilli, un conteur africain.

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