Un Gaspésien à New York

Geneviève Gélinas, GRAFFICI, Gaspésie, juin 2012

Mathieu Cloutier, 26 ans, de Gaspé, fait carrière à New York comme artiste de cirque. Il fait partie de Traces, une production de la compagnie québécoise Les 7 doigts de la main, placée parmi les 10 meilleurs spectacles de 2011 parle magazine Time. GRAFFICI l'a joint dans la Grosse Pomme.

Dans un abri de fortune, sept jeunes – se retrouvent face à un désastre imminent. En créant, ils tentent de laisser leur « trace ». Pendant les 90 minutes du spectacle, Mathieu Cloutier tournoie dans une roue Cyr, fait le drapeau sur un mât, roule sur une planche à roulettes, en plus de jouer du piano et de la guitare. « Dans un cirque conventionnel, tu fais ton numéro et c'est tout, dit-il. La beauté de Traces, c'est qu'on fait notre numéro, mais les sept autres aussi. Ça prend des artistes polyvalents. »

«Depuis toujours, j'aime faire des pirouettes dans la cour arrière », lance le Gaspésien. Mais il n'avait jamais pensé en faire un métier. Son énergie, il la canalisait plutôt dans le hockey. Une année à l'École de cirque de la Gaspésie, encore embryonnaire à l'époque, lui avait plu. Mais pas au point de lui donner la piqûre.

À 17 ans, Mathieu Cloutier déménage à Montréal, où il entame son cours collégial en sciences humaines. «Pas vraiment excitant», laisse-t-il tomber. Il tombe en amour avec une artiste de cirque -toujours sa compagne, mais désormais enseignante au secondaire- qui lui fait découvrir son monde. Cette fois, il attrape le virus. Il entre à l'École de cirque de Québec pour trois ans. Il y développe notamment sa spécialité, le main à main, avec celui qui est toujours son partenaire dans Traces, Philippe Normand-Jenny.

Avec lui, Mathieu Cloutier démarre sa carrière dans un parc d'attractions aux États-Unis: «On a fait 275 shows en trois mois ». Puis, direction Munich, en Allemagne, où ils se joignent à un spectacle de type cabaret. C'est là qu'ils sont recrutés par Les 7 doigts de la main, de passage dans la ville.

Leur mission: monter Traces pour une tournée américaine. Lui et ses complices ont cinq mois pour assimiler le spectacle. « C'était hyper stimulant et hyper fatigant. J'ai dû apprendre à faire du skate, à jouer du piano … », se rappelle- t-il.

La tournée amène le Gaspésien à Chicago, Los Angeles, Denver puis New York. Il pose enfin ses valises dans un appartement de Jersey City, «le Longueuil de New York», à 15 minutes en métro du Union Square Theatre, où il joue Traces six fois par semaine. Après huit mois à New York, sa frénésie de découvrir la ville s'est un peu estompée. Mais pas son enthousiasme pour son métier et pour le spectacle. «Traces, c'est un des meilleurs shows de cirque au monde. Je ne vois pas pourquoi j'arrêterais. »

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