J’en ai marre de Jean Charest et du système politique

Jean-François Gerardin, Le Lavalois, Sainte-Brigitte-de-Laval, mai 2012

J’ai mal pour tous les Québécois à qui Jean Charest, en «remarquable démagogue», tient un discours incendiaire au regard de la démarche estudiantine qui mérite d’être prise en compte de façon responsable par notre premier ministre et son équipe. D’autant que M. Charest est aussi le ministre de la Jeunesse. Dans quel monde sommes-nous donc enlisés? Je saisis et discerne le machiavélisme, la duplicité et la manipulation dont use ce premier ministre… sans retenue.

J’ai enseigné pendant 33 ans à de merveilleux adolescents et il ne me serait jamais venu à l’esprit de les traiter comme Jean Charest a eu le culot et l’indécence de le faire devant un parterre d’adultes au Centre de Congrès de Montréal le 20 avril 2012 où 1200 personnes ont ri de bon coeur à ses propos…

Étant à la retraite depuis 2002, je sais de quoi je parle, ayant assisté, ad nauseam, à toutes ces simagrées, ces joutes débiles, ces mensonges à répétition et ces tristes représentations qui nous sont offertes aux périodes de questions à l’Assemblée nationale. Tristes spectacles d’élus béni-oui-oui qui manquent, à l’évidence, de courage et de colonne vertébrale.

Peut-on espérer raisonnablement, qu’un jour prochain, on cessera de s’agenouiller devant l’autel de la ligne de parti à tout prix? Peut-on penser également que le temps viendra où la partisannerie que dénonce démagogiquement notre «grand conducteur» n’existera plus dans aucun parti et, en particulier, comme marque de commerce de monsieur Charest? Mais rassurons-nous, notre premier ministre a le volant bien en mains.

J’ai mal et honte pour cet homme qui ne sait pas se conduire en véritable chef d’état, incapable de respect pour tous ceux qu’il est tenu de représenter, quelles que soient leurs positions politiques. Je garde en mémoire tous les faux pas de ce politicien qui ne semble pas vraiment savoir ce que signifie écouter l'autre, tenir compte de son opinion et de ses inquiétudes légitimes.

J’en ai marre du cynisme, de l’arrogance, du mépris et de la langue de bois qui, beaucoup trop souvent, constituent la norme de ce gouvernement libéral. Ce qui ne veut pas dire que les autres partis n’usent pas de ces attitudes destructrices pour notre société et la démocratie qui, plus que jamais, en prend pour son rhume.

J’en ai ras-le-bol de constater la situation intenable et tristement pérenne de la «classe pauvre» qui gonfle ses effectifs au détriment de la classe moyenne. Une immense peau de chagrin due à un manque de vision globale et surtout à un manque cruel de courage et d’honnêteté politique.

Et toutes ces pirouettes au regard d’une Commission d’enquête que tout le monde réclamait et que Jean Charest et son équipe rapprochée refusaient avec un entêtement inexplicable ou coupable…Et tous ces milliards qui sont volés, détournés et transférés dans les paradis fiscaux parce qu’il existe, à l’évidence, des organisations mafieuses qui ont la main mise sur nos gouvernements, qui leur dictent impunément leurs conditions, les achètent, les infiltrent et je ne sais quoi encore…

On coupe en éducation, dans les logements sociaux, dans les soins de santé, etc. pendant que des voleurs en cravate remplissent leurs poches. La richesse réelle est celle des sans conscience qui font flotter leur aisance indécente sur des yachts ou des bateaux de luxe pour ne prendre que cet exemple bien connu. De tous les premiers ministres québécois que ma courte vie m’a permis de connaître, peu m’ont inspiré. Peu de ministres également. Bien sûr, nous avons connu une bouffée de fraîcheur et un certain espoir d’autonomie sous René Lévesque. Bien sûr, il y eut la Révolution tranquille de Jean Lesage, les années Parizeau et Landry. Mais, pour ce qui est de Jean Charest, ras-le-bol et… qu’il démissionne.

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