Brisons le silence

Caroline Martinez, Le Monde, Montréal, avril 2012

Le 28 mars dernier, les membres de la Table intersectorielle Abus-Maltraitance-Isolement (AMI) s’étaient réunis pour informer les médias sur la tournée «  Ainés Avisés » qui se déroule dans les résidences privées d’hébergement, les HLM, les ressources d’hébergement et dans les groupes de l’Age d’Or des quartiers de La Petite-Patrie et de Villeray. L’occasion de sensibiliser et de briser le silence qui entoure les ainés.

La Table intersectorielle AMI des aînés est née en 2008 grâce au CSSS du Cœur-de-l’Ile, afin de dépister les personnes âgées victimes d’abus et de maltraitance. La Table AMI est ainsi devenu un levier crucial dans l’amélioration du dépistage de la maltraitance dans les quartiers de la Petite-Patrie et de Villeray.

L’organisme a pour objectif de dépister la maltraitance, l’exploitation et l’isolement tout en rejoignant les aînés dans leur milieu de vie. En effet, au Québec une personne sur dix serait victime d’abus. Il faut donc être constamment vigilant pour prévenir et sensibiliser ce genre d’actions. La tournée « Ainés Avisés » a débuté à l’automne 2011 et succède à une tournée débutée en février 2010. Elle se poursuit en 2012, abordant l’abus, la négligence, la maltraitance des aînés ainsi que la fraude. «  Huit résidences privées et HLM ont reçus les équipes de tournées et onze sont à venir », précise Christine Cayouette, agente sociocommunautaire du poste 31 du Service de police de Montréal.

Deux équipes ont ainsi été formées, l’une pour le quartier de la Petite-Patrie et l’autre pour le quartier de Villeray. « Chaque équipe est composée d’un agent sociommunautaire du Service de police de Montréal, d’un représentant de l’organisme Tandem, d’un représentant du CAVAC de Montréal, d’une membre de la FADOQ et d’une intervenante sociale du CLSC local. », explique Sylvie Désilets, du CSSS du Cœur-de-l’Ile.

Un des objectifs principaux de la Table intersectorielle AMI est le dépistage. Ainsi les intervenants du CSSS et les policiers ont constaté que peu ou pas de personnes âgées évoquent le sujet lorsqu’elles consultent les services de police. « Il faut établir un excellent lien de confiance avec les aînés pour qu’ils parlent de leurs problèmes », déclare Christine Cayouette.

Ainsi l’organisme et les partenaires doivent redoubler d’efforts. « On essaie de renouveler chaque année le message et les stratégies pour rejoindre les aînés et les guérir », affirme Sylvie Désilets. L’accompagnement est primordial à la fois pour les victimes et les abuseurs. « Le mot isolement prend ici tout son sens. Il y a beaucoup d’aînés vulnérables, l’important c’est de provoquer l’accompagnement », déclare Sylvie Désilets.

Les abus et la maltraitance auprès des aînés provient, en général, d’un cercle très proche (amis ou famille), d’où la difficulté pour les aînés de déclarer leur mal-être, mus par la crainte de se retrouver seuls, sans leur proche. « Leur première crainte, c’est de perdre l’aide. Il peut y avoir un sentiment de honte, de culpabilité. On va donc les outiller pour poser des limites et apprendre à dire non », souligne Christine Cayouette. « On va également rencontrer les abuseurs. Ils représentent le centre du problème et nécessitent aussi un accompagnement. » explique Pauline Roux, chargée de projet de la FADOQ. La Table AMI regroupe autant d’organismes (CSSS du Cœur-de-l’Ile, SVPM, Tandem etc.) qui ont la même détermination, détermination qui fait la force du projet. « On aime travailler ensemble, et notre synergie paraît. Il y a une permanence auprès des aînés, et ça les rassure », déclare Jean-François Charland, coordinateur de Tandem Villeray-St-Michel-Parc-Extension.

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