As-tu ta tablette ?

Maïté Samuel-Leduc, GRAFFICI, Gaspésie, mai 2012

À l’école polyvalente de Paspébiac, les élèves de deuxième secondaire ont tous un accès à une tablette intelligente iPad dans leurs cours. Un projet-pilote qui sert è les motiver. Mikaël Dorion montre à GRAFFICI le diaporama qu'il a préparé pour accompagner sa présentation orale sur Maurice Richard. Photos et biographie du Rocket, effets spéciaux avec des flammes : tout y est ! Depuis le mois de décembre, les 53 élèves de 2e secondaire transportent un iPad dans tous leurs cours. « On a analysé nos taux de réussite et le degré de motivation des élèves et notre clientèle la plus à risque est celle de deuxième secondaire, explique Sandra Nicol, initiatrice du projet et directrice de l'école. Pour soutenir leur persévérance et leur motivation, on a décidé de faire un projet avec eux et on s'est inspirés de ce qui se fait de gagnant un peu partout. ».

Le projet vise pour l'instant un niveau, mais la directrice assure que la possibilité de l'étendre à plusieurs niveaux est sous analyse. « Jusqu'ici, nos jeunes apprécient énormément, car c'est une de leurs sources d'apprentissage sur Internet. Les élèves de 1e secondaire ont hâte d'arriver en 2e secondaire », dit Mme Nicol. Selon elle, l'équipe est maintenant à l'étape «d'analyser comment ça va. Je travaille avec un chercheur de l'Université du Québec à Chicoutimi et le CEFRIO. On fait un suivi régulier à ce niveau-là. »

Dans la classe de mathématiques de Sylvie Nadeau, le iPad est utilisé 50% du temps. Les élèves y trouvent une calculatrice scientifique, des convertisseurs, des énigmes mathématiques et des dictionnaires. Ariane Duchesneau se sert de son iPad comme aide-mémoire pour ses formules et ses règles mathématiques. «J'apprends plus vite, et c'est plus approfondi», dit-elle. Gabriel Horth consulte «deux fois plus souvent» le dictionnaire depuis qu'il a des applications Petit Robert et Larousse sur son iPad. Il n'y pas de dictionnaires en papier en classe? «Oui, mais sur iPad, c'est plus vite », répond-il. « On est rendus là, affirme Mme Nadeau. Les enfants ont tous des cellulaires, des iPod touch. Ça les rejoint et ça fait en sorte qu'ils ont l'info au bout des doigts. Des livres, hey, c'est complexe! », rigole-t-elle.

Le iPad n'est pas utilisé autant dans chaque classe. C'est à la discrétion de l'enseignant. «L'enseignement traditionnel continue, on se fait un cahier, de préparation (en mathématique) que les élèves peuvent regarder à la maison, précise Mme Nadeau. Il y a des périodes où ils ne l'utilisent pas du tout. ».

Un gros avantage, selon l'enseignante, est que l'élève va lui-même chercher l'information dont il a besoin pour les projets proposés par l'enseignant. Par exemple, les élèves de sa classe se font un lexique au début de chaque chapitre. « Et quand il leur reste du temps en classe, ils ont toujours quelque chose à faire », dit-elle.

Y a-t-il des avancées par rapport à leur motivation? « Ça ne peut pas nuire (le iPad), mais il y a quand même des élèves qui ne seront pas motivés, peu importe ce que l'on fait », dit Mme Nadeau. Le projet fonctionne tout de même très bien selon Mme Nicol. «On parle d'une génération C, des enfants qui, apprennent différemment des jeunes d'il y a 10 ans. »

Lors de l'acquisition des tablettes, les enseignants ont dû avant tout se familiariser avec l'outil. L'un d'eux a été mandaté comme personne-ressource et les autres ont eu quelques semaines pour expérimenter. « Ce qui est génial, c'est que 95 % des applications sont gratuites. J'ai réservé un budget pour l'achat d'applications auquel je n'ai presque pas touché », explique Mme Nicol. Les élèves peuvent télécharger des applications sur leur iPad, mais gare à l'égarement; aucun dérapage n'est permis. La tablette reste à l'école et si l'élève déroge à ce qu'il doit consulter pour ses cours, il reçoit un avertissement et peut même se faire confisquer sa tablette pour un moment. Mais la motivation des jeunes est palpable. « Des fois, ils me disent: « As-tu vu ça? Tu devrais télécharger cette application-là, c'est cool! Ils sont vraiment fins pour ça, ils m'aident », souligne Mme Nadeau, qui espère que le projet se poursuivra. (Avec la collaboration de Geneviève Gélinas)

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