État du service aérien en Gaspésie

Antoine Rivard-Déziel, Graffici, Gaspésie, avril 2012

Au moment où un comité régional composé d'élus est chargé de faire le point sur la situation aéroportuaire en Gaspésie, plusieurs se questionnent sur la place que doit occuper le transport par avion dans la région. Quel est l'état de ce service en Gaspésie ? Graffici dresse un court portrait des quatre aéroports de la péninsule.

 

Un véritable boum à l'aéroport de Bonaventure

 

Le trafic aérien à cet aéroport, propriété du ministère des Transports du Québec (MTQ) et géré par Groupe Aéropro (dont le siège social est à Québec), connaît une augmentation fulgurante. Il y a quelques années, son seul transporteur régulier, Pascan Aviation, offrait deux vols par jour. Aujourd'hui, il en offre dix-huit. En 2011, près de 15 000 personnes ont débarqué, embarqué ou transigé à l'aéroport de Bonaventure. Ian

Brière, du MTQ attribue cette croissance au développement du Nord-du-Québec et à la bonification de l'offre pour les vols Bonaventure-Québec. « Plusieurs Gaspésiens vont travailler 7 ou 14 jours dans le Nord. Et maintenant, notre transporteur régulier offre des allers-retours clans la même journée pour Québec », explique-t-il. Résultat : l'aéroport songe à investir pour agrandir son stationnement et améliorer son aérogare. Le budget de fonctionnement annuel de l'aéroport s'élève à 300 000 $.

 

Vers un allongement de la piste à Sainte-Anne-des-Monts

 

Le contexte est fort différent à cet aéroport municipal. Aucun transporteur régulier n'y opère et la piste de 1 200 mètres n'est pas assez longue pour que l'un des avions-ambulances du gouvernement du Québec, le jet Challenger, puisse y atterrir. « Le Dash-8, qui sert aux déplacements moins urgents, peut y atterrir, mais la piste ne permet pas la sécurité maximale pour accueillir le Challenger », explique le responsable de l'aéroport à la municipalité, Carol Dugas. Ce dernier ajoute cependant que l'allongement de la piste est dans les cartons de la Ville. « Ça permettrait aussi de recevoir des vols commerciaux comme à Gaspé et à Bonaventure. » En moyenne, chaque année, 500 passagers utilisent la piste, dont 70 % sont des chasseurs qui atterrissent à Sainte-Anne-des-Monts l'automne. La gestion de l'aéroport coûte de 50 000 $ à 70 000 $ par an à la municipalité.

 

Un projet de service aérien à l'étude à Gaspé

 

L’aéroport Michel-Pouliot, qui appartient à la Ville de Gaspé, est le plus achalandé de la péninsule. Avec 26 000 passagers par année, il parvient à s'autofinancer. « Nous sommes passés d'un déficit à la fin des années 1990 à un surplus en 2009-2010 », se réjouit le directeur, Dave Ste-Croix. Le budget annuel s'élève à 1,2 million de dollars. Le seul transporteur régulier à Gaspé, Air Canada Jazz, offre deux vols réguliers quotidiens et 80 % de sa clientèle sont des fonctionnaires. Le directeur note cependant que le prix élevé des billets ralentit le développement de l'aéroport et crée de l'insatisfaction dans la population. Le Centre local de développement et la MRC de la Côte-de-Gaspé travaillent depuis un an et demi à l'instauration d'un service aérien afin d'offrir des allers-retours Gaspé-Québec à 500 $. Un des scénarios envisageables est la création d'une coopérative ; un projet en ce sens sera déposé au début de l'été à la Ville.

 

Inquiétude à l'aéroport du Rocher-Percé

 

Le mauvais état de la piste d'atterrissage et la désuétude des équipements de cet aéroport, propriété de la MRC du Rocher-Percé, menacent l'avenir de l'infrastructure. En janvier, les élus du Rocher-Percé ont débloqué près de 170 000 $ pour la maintenir ouverte afin que l'avion-ambulance DASH -8 puisse y atterrir. Une demande a été acheminée aux deux paliers gouvernementaux pour la mise à niveau de cette infrastructure, qui requiert 3,5 millions de dollars. Malgré la menace de fermeture, la direction de l'aéroport mentionne qu'elle fera tout pour assurer la pérennité des installations. « Cet aéroport est lié à l'hôpital de Chandler et 80 % de ses utilisateurs sont des patients ou du personnel médical. C'est un service essentiel », mentionne le directeur de la MRC, Mario Grenier. En moyenne, chaque année, l'aéroport dessert 400 passagers. En excluant l'aide d'urgence octroyée en janvier, son budget annuel oscille autour de 160 000 $.

 

Un aéroport, une vocation

 

Le comité régional du transport aérien est bien au fait des réalités de chacun des aéroports de la péninsule. Le 19 janvier, les élus qui y siègent ont convenu que l'avenir du transport aérien en Gaspésie devait passer par une vision « concertée » et « harmonisée », Autrement dit, chaque aéroport doit clarifier sa mission et tenter de faire le moins de concurrence possible aux trois autres. Le président du comité, Joël Arseneau, assure qu'il n'est pas question, pour le moment, de privilégier le développement d'un aéroport au détriment d'un autre. M. Arseneau ne cache cependant pas que certains aéroports, comme celui du Rocher Percé et celui de Sainte-Anne-des-Monts, nécessiteront plus d'attention pour assumer leur pérennité. Le comité développe son plan concerté de transport aérien et prévoit le déposer à la Conférence régionale des élus Gaspésie-Îles-de-Ia-Madeleine dans les prochaines semaines.

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