Financement des arrondissements : Bientôt le moment de vérité

Carl Bergeron, Échos Montréal, mars 2012

Tel qu’annoncé ces derniers mois, le président du comité exécutif de la Ville de Montréal, Michael Applebaum, termine sa tournée de consultation des mairies d'arrondissement en vue de la refonte de la politique de dotation de la ville-centre. Il était récemment accompagné de Gérald Tremblay, maire de Montréal mais aussi du centre-ville, pour expliquer les enjeux dans Ville-Marie.

Le financement des arrondissements est un problème majeur à Montréal. En fait, un problème pour beaucoup d'arrondissements à l'exception de Ville-Marie, qui joue un rôle à part dans la structure montréalaise. Ville-Marie est loin d'être dans le rouge. L'arrondissement prévoit récolter des surplus de 14 millions en 2012. Mais ce n'est pas le cas partout dans la ville. L'arrondissement du Sud-Ouest, par exemple, prévoit un manque à gagner de 2,3 millions.

Il semble beaucoup trop tôt pour fixer définitivement un nouveau mécanisme de financement et de péréquation. L'heure est à la réflexion et au dialogue. «Le débat qu'on fait en ce moment c'est au-delà de la partisanerie politique, dit le maire Tremblay. Ça fait assez long -temps que ça dure, on veut crever l'abcès. On veut que tout le monde travaille ensemble dans l'intérêt de la ville. »

Le maire ne se prive de vanter, dans Ville-Marie, les 500M $ de revenus nets que l'arrondissement génère et qui servent ensuite à la ville-centre, puis aux autres arrondissements. Mais les critiques ne se fondent pas seulement sur le montant de la dotation, bien que ce soit à l'évidence central. Ce sont aussi les structures qui semblent poser problème.

D'où des efforts faits dans le sens d'une rationalisation des ressources. Selon François Robillard (Vision Montréal), conseiller de ville du district Saint-Jacques et membre du Conseil d'arrondissement de Ville-Marie, « il commence à se faire des changements difficiles à faire ».

Il cite la réorganisation de l'approvisionnement (regroupement des achats, réduction des magasins) et la dotation du personnel, qui, auparavant répartie entre les arrondissements, est aujourd'hui centralisée. Des efforts réels donc, mais qui restent loin de grands changements fondamentaux dans les structures.

Pendant ce temps, au sein de Ville-Marie même, l'allocation des ressources et le fardeau financier sont examinés pour faire ressortir les incohérences. M. Robillard en évoque quelques-unes : «Tout ce qui est à l'ouest de la rue Amherst, les rues collectrices et les artères, c'est l'agglomération qui paie pour ça. La rue Saint-Denis au sud de Sherbrooke, la rue de la Commune, des bons bouts de Notre-Dame ce sont toutefois des rue ordinaires, l'agglomération ne paie pas pour ça. Idem pour la rue Ontario, et pourtant c'est une rue très empruntée en raison du pont Jacques-Cartier. Il y a donc des choses à changer. »

Les services de proximité sont aussi sous la loupe : chargement de neige, bibliothèques. Quand doit-on déneiger, quand doit-on s'abstenir ? Quelle est la dotation que devrait recevoir une bibliothèque selon les normes nationales ? Une coopération entre les arrondissements plus riches et plus pauvres est également discutée, notamment pour les bibliothèques.

Si la future réforme de la dotation n'est pas encore précisée, à travers le processus de consultation elle appert vivre ses premiers balbutiements. Chose étonnante: tant M. Robillard que MM. Tremblay et Applebaum n'ont déploré aucune mauvaise foi partisane dans ce dossier.

classé sous : Non classé