Entrevue avec Amir Khadir : Sortir de l’île

Joëlle Girard, Échos Montréal, mars 2012

Unique élu de Québec solidaire, Amir Khadir ne cache pas sa hâte quant au déclenchement imminent des élections, un éventuel scrutin au cours duquel le député de Mercier compte bien voir son parti rafler plus d'un comté.

«Sur le plan personnel, des élections nécessitent beaucoup d'énergie, donc on n'est pas naturellement enclin à se pit cher là-dedans, mais il y a un besoin pressant qui se fait sentir dans la population, estime d'emblée M. Khadir. Le gouvernement Charest, c'est un gouvernement épuisé.» À cet effet, il évoque un récent sondage selon lequel 72% des Québécois n'approuveraient pas le travail du gouvernement de Jean Charest. Par surcroît, les deux tiers des répondants jugeraient que le premier ministre n'est pas intègre.

Il n'en faut pas plus pour donner au coporte-parole de Québec solidaire bon espoir de voir son parti remporter quelques sièges lors des prochaines élections. «Notre stratégie est partout la même au Québec, on tente de réunir nos meilleurs éléments pour percer partout où on a des chances: Taschereau, Rouyn-Noranda-Témiscamingue et même Sherbrooke. Vous connaissez quelqu'un qui voudrait se présenter dans Mercier? Car moi, j'irais volontiers me présenter dans son comté, à Jean Charest (dans Sherbrooke)», lance-t-il avec aplomb, se disant «très, très confiant» de voir son parti prendre de l'expansion.

C'est qu'Amir Khadir aimerait bien que le prochain scrutin permette à Québec solidaire de faire élire assez de candidats pour être reconnu comme parti politique à l'Assemblée nationale, où il siège depuis 2008 comme député indépendant. «C'est notre objectif et ça s'impose, soutient-il. C'est la raison pour laquelle c'est vraiment nécessaire de tout mettre en œuvre pour aller chercher cinq, six ou sept comtés aux prochaines élections.»

Si le vœu de Québec solidaire était exaucé, « ça serait un peu différent, je n'aurai plus besoin de me prononcer sur autant de dossiers et je pourrais travailler […] plus en profondeur, assure M. Khadir. On pourrait aussi faire plus de travail d'implication dans les mouvements associatifs et communautaires pour savoir de quoi rêve le Québec et ainsi agir en conséquence. […] Si les affairistes vont rencontrer « leur clientèle » dans les chambres de commerce, nous, notre milieu naturel, ce sont les mouvements sociaux.»

 

Amir Khadir prévoit aiguiller ses batailles en fonction de celles des citoyens, mais aussi en fonction du parti qui formera le gouvernement, et ce, sans négliger les «incontournables, comme la santé, le virage écolo, le transport collectif électrifié et les ressources naturelles », indique-t-il. Un gouvernement péquiste serait par ailleurs l'occasion idéale pour Québec solidaire de prendre «ce vieux parti» à son propre jeu en exigeant une position claire sur la tenue d'un référendum. « Que le PQ joigne les bottines aux babines et qu'il le fasse!» lance-t-il, presque exaspéré, ajoutant que si Québec solidaire était élu pour former le gouvernement, il tiendrait un référendum dans la première moitié de son premier mandat.

Sinon, vu le bilan qu'il dresse du gouvernement Charest, Khadir souhaite que les électeurs renoncent à l'option libérale. «On a d'abord assisté à une dégradation sans précédent de la qualité et de l'intégrité de la fonction gouvernementale. Tout le monde a l'impression, et avec raison, que c'est un gouvernement sous influence, qui oriente ses choix, prend ses décisions et accorde ses contrats en fonction des amis et des financiers du parti et non en fonction du bien collectif.»

Et Khadir de rappeler des dossiers chauds et des scandales bien connus, une effusion de critiques que seul son emploi du temps chargé peut arriver à interrompre.

 

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