Pierre Routhier, Le P’tit Journal de Malartic, le 29 février 2012
À l’heure d’écrire ces quelques lignes, voilà que débutent les émissions spéciales de télévision couvrant la date limite des transactions dans la Ligue nationale de hockey. Il est six heures du matin et j’écoute en parallèle une diffusion spéciale en direct, à partir d’un site web aux couleurs sportives que tout le monde connaît. Donc, d’un côté le traitement de texte et de l’autre, des péteux de broue qui spéculent sur les éventuelles intentions des clubs de la grande ligue en cette journée fatidique.
Une journée où certains millionnaires de notre sport national devront magasiner un nouveau condo dans la ville de hockey qui les accueillera et qui leur fournira un chandail tout neuf, avec le nom de famille inscrit au dos et le badge de l’équipe d’adoption bien en évidence à l’avant. Les propriétaires des équipes qui bougeront pendant cette période – où tous souhaitent obtenir cinq trente sous pour une piasse – doivent cependant respecter ce qu’il est convenu d’appeler le plafond salarial. Un plafond à hauteur de nuages, si vous voulez mon avis.
Quand j’y pense un petit instant, je ne peux m’empêcher de faire l’analogie entre les clubs de hockey et les partis politiques au Québec. Des partis qui pourraient facilement être comparés à des équipes qui tendent toutes à atteindre les grands honneurs. Les élections correspondant aux finales de la coupe Stanley et les transactions aux annonces de nouveaux candidats pour compléter les troupes qui s’affronteront dans un combat épique où presque tous les coups seront permis.
Là où les choses divergent et penchent moralement en faveur du monde du gouret sur glace, c’est quand on parle de la façon dont les transfuges se comportent. Au hockey, un joueur ne peut décider de changer d’équipe simplement parce qu’il ne partage plus les idées de son entraîneur. Un sens moral basé sur la notion d’esprit d’équipe et des clauses contractuelles sévères l’en empêchent. En politique, n’importe quel élu peut changer de camp simplement pour saisir une opportunité basée sur l’aura du pouvoir. Malgré qu’il ou elle occupe un poste de responsabilités parce que des électeurs lui ont donné cette occasion, il ou elle rejette du revers de la main cette légitimité démocratique en changeant de vision et d’équipe politique pour des considérations purement personnelles et trop souvent axées sur des velléités crasses et immorales.
L’attrait d’un poste plus important dans le parti qui pourrait former un nouveau gouvernement ou une occasion de mousser sa carrière et sa petite réputation sont au cœur des opérations de guidounage de notre merveilleux monde politique. Leur coupe Stanley à eux n’a donc rien à voir avec les notions nobles et intrinsèques du milieu sportif où les talents individuels s’additionnent au lieu de se soustraire.
Au hockey les participants sont classés selon leur performance et leur talent. On peut certes se questionner sur les sommes vertigineuses que leur procure leur statut au sein d’une organisation, mais on ne peut nier le fait qu’ils retirent uniquement ce qu’ils méritent.
Les politiciens qui changent d’adresse par opportunisme sans rendre de compte à ceux qui les ont élus ne feraient pas long feu dans le monde du hockey. Les joueurs babouneurs et les vire-capot ne méritent tout simplement pas d’avoir un poste au sein d’une équipe qui vise les grands honneurs.