Normand D. Paquin, Le Trident de Wotton, février 2012
Lorsque sur le plateau de Tout le monde en parle, Maria Labrecque Duchesneau tira la sonnette d'alarme concernant la situation de stress associé à la vie quotidienne des agriculteurs au Québec, les téléspectateurs découvrirent une réalité qui leur était soit inconnue ou alors trop familière.
Passionnée du monde rural, fille elle-même d'agriculteurs, intervenante psychosociale, madame Duchesneau, après avoir parcouru les rangs du Québec rural et porté assistance à des agriculteurs en détresse, a fait le constat qu'il était urgent de reconnaître le problème et de trouver des solutions.
C'est dans ce contexte que fut créé l'organisme à but non lucratif Au coeur des familles agricoles (ACFA) dont le but est de constituer des réseaux d'entraide en territoire rural et qui a déjà réalisé plusieurs projets en Montérégie.
Au nombre des facteurs apparemment responsables du niveau élevé de stress chez les agriculteurs, il semblerait que les problèmes reliés au phénomène de l'endettement affecteraient un nombre croissant de familles agricoles ; le manque de relève constituerait un élément majeur de l'équation ; le sept-sur-sept à l'année longue compterait également pour une bonne partie du problème ; enfin, les agriculteurs porteraient un fardeau administratif excessif constitué par la paperasse gouvernementale. Ces problèmes seraient responsables de bien des cas d'échecs d'entreprises agricoles de type familial, de l'exode des jeunes, de tensions familiales, de divorces, de burn-out, et même de suicides dont la fréquence irait en augmentant.
D'après l'UPA, alors qu'en 2010, le Québec ne comptait plus que 30 857 fermes, deux fermes par jour disparaîtraient. Selon Santé Canada, le taux de suicide chez les agriculteurs du Québec serait deux fois plus élevé que dans l'ensemble de la population. Au cours de la dernière décennie, Santé Québec aurait noté pour sa part une hausse alarmante du taux de détresse psychologique chez les travailleurs agricoles. Ce taux serait deux fois plus élevé chez les agricultrices.
Parmi les projets novateurs réalisés par l' ACFA au cours de la dernière année, notons l'intervention de deux travailleurs de rang, comme on trouve des travailleurs de rue dans les centres urbains ; l'organisation de sessions de formation directement reliées aux besoins des familles agricoles ; ajoutons la tenue de quelque 500 rencontres individuelles suite à des demandes d'aide incluant la réponse à des appels téléphoniques à toute heure du jour et à l’année longue.
Mais le projet qui retient l'attention de tous, depuis quelque temps, est celui de l'établissement d'une Maison de répit à Saint-Hyacinthe pour les agriculteurs et agricultrices désireux de se ressourcer. Sous l'égide du président de l'Ordre des agronomes, monsieur René Mongeau, une campagne de financement dont l'objectif est de recueillir 500 000 $ est présentement en cours pour ce projet.
L'idée d'un tel service d'entraide pour les agriculteurs a fait son chemin non seulement en Montérégie, mais également dans notre région. Cette idée, dans la perspective de la fermeture prochaine du CHSLD à Wotton et de la libération du bâtiment, possiblement à des fins communautaires, a l'intérêt de certains concitoyens, dont Gilles Vaillancourt qui, de manière informelle, s'en est ouvert à un membre du Groupe de travail actuel sur l'après-CHSLD.
L'avenir de l'agriculture au Québec passe par de tels projets d'entraide. En ce sens, Maria Labrecque Duchesneau fait oeuvre de pionnière.